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mercredi 22 novembre 2017

NEIL FINN ~ Out Of Silence [2017]


Le monde n’a sans doute pas besoin d’un nouvel album de Neil Finn. D’autant plus que l’artiste n’aura jamais intégralement réussi ses albums, sauf que certains savent qu’il aura écrit quelques-unes des chansons les plus touchantes et renversantes des mid-80/90’s, et cela le rend finalement bien plus précieux à mes yeux. Inutile de dissimuler qu’il va s’agir ici du versant le plus tendre et sentimental de la musique populaire, bref, quelque part du côté de Paulo (non, pas celui dont on vous bassine d’habitude ici, mais celui qui a plus que sixty-four). Sur ce plan, Neil Finn n’a pas changé, et on lui en sera gré. Seulement, les années filent, et le chanteur dévoile un visage un peu meurtri qui ne ment pas sur son âge; il y a aussi dans la voix, malgré sa constante limpidité, comme une fêlure inattendue; on notera également des chansons qui savent rester dépouillées malgré des arrangements discrètement ouvragés. Mais, l’essentiel n’est pas là, on sent dans cette musique un vrai geste d’amour, une générosité pour rendre les gens un peu plus heureux, même dans la peine. Bien sûr, à son âge, Neil Finn sait certainement qu’il a perdu d’avance, mais cela ne l’empêche pas d’essayer. Alors Neil Finn chante comme le font les grands sentimentaux parce que c’est une fois de plus sa seule arme. Au final, d’accord, le monde n’a sans doute pas besoin d’un nouvel album de Neil Finn, mais il est néanmoins un peu meilleur de savoir que celui existe quand même, et que cet artiste a gardé la foi dans le modeste pouvoir de la musique. Bref, un joli disque, très court, et tout en pudeur, qu’on pourra ranger tout près des premiers disques de Colin Blunstone et écouter pour profiter quand viendra la froidure de l’hiver de sa douce et chaleureuse humanité.
Audrey SONGEVAL [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]


01 - Love Is Emotional
02 - More Than One Of You
03 - Chameleon Days
04 - Independence Day
05 - Alone
06 - Widow's Peak
07 - Second Nature
08 - The Law Is Always On Your Side
09 - Terrorise Me
10 - I Know Different
MP3 (320 kbps) + front cover
COOL 78


27 commentaires:

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    1. Puisqu'il est question de tes obsessions, j'ai manqué Chuck, hier soir, et j'ai du mal à m'en remettre...

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    3. Je l'ai vu à Bilbao le 12, toujours aussi, comment dire ... exaltant. Si une petite vidéo t'intéresse ...
      Et obsession pour obsession il se pourrait bien que le dernier Jim White (après 4 écoutes successives) soit son meilleur. Mais ça reste entre nous bien sûr, après je reçois des bassines sinon.

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    4. Sans blague, le White, tu vas t'y coller ou tu vas m'obliger à le faire?

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    5. Croix d'bois, croix d'fer ... j'vais voir c'que j'peux faire !

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  2. Moi le néo-zélandais je le préfère habillé en noir avec une fougère sur la poitrine. Mais quand même pas trop près de moi hein.

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  3. Si j'étais taquin, je dirais que la plus belle production de Neil Finn, c'est Liam, son fils =)
    Plus sérieusement, j'ai jamais trop creusé son univers, à l'inverse de celui du fiston.

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  4. Heureusement que Zocalo est là pour recentrer le débat, sacrebleu ! Parlons donc de la musique de Neil Finn. On connait bien dans le jazz, mais cela existe aussi dans les arts plastiques, ces artistes qui n'ont d'autre ambition que d'égaler ou de prolonger le travail de leur maître. C'est le sentiment que j'ai avec Neil, qui n'est pas Young (oh là, c'est facile !). La filiation avec Mc Cartney est évidente, et elle est très positive. Il est vrai qu'on pourrait difficilement imaginer un meilleur modèle.

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  5. J'ai craqué sur "Chameleon days".. des p'tits trucs craquants plein de beauté et de sensibilité pop.. genre Paulo :D
    Je ne m'attendais pas un à new Finn, aussi la pochette sincère m'a attiré direct y'a qq semaines.. album touchant.

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  6. @Everett: ben quoi, on a droit de parler de temps en temps du 2nd plus grand Paulo de l'histoire du rock ^-^

    @El Norton: tu m'apprends quelque chose. J'ignorais que son fils faisait de la musique. Tu pourrais me guider.

    @Zocalo: Toute proportion gardée, j'ai ressenti ce même amour qu'avaient les Beatles de Sgt Pepper (dont j'aime assez peu la musique mais dont cette dimension m'a vraiment saisie lors de mes dernières écoutes). Il y a aussi ce côté un peu naïf et tendre qui est, je trouve, difficile d'assumer pour un homme, qu'on reproche à Paulo alors que c'est plus courageux que de dire "Tout va mal" comme Cohen.
    Mais à la limite, musicalement, je trouve qu'on est presque plus proche des derniers XTC ou Kate Bush (widow's peak notamment).

    @Charlu: Je l'ai proposé un peu pour toi en me disant que si je me dépêchais pas tu allais en parler avant moi. ^-^
    Sincère, c'est tout à fait ça. Moi, je dirai aussi humble et honnête. Et ça s'entend sur le disque. Et en plus, il sort sous son nom et non sous celui de Crowded House qui aurait sans doute été un peu plus vendeur.
    Pour les morceaux, Chameleon est la plus proche de Crowded House effectivement. Moi, j'ai une tendresse pour Love is emotionnal, parce que je me dis qu'il faut du courage pour dire des choses aussi simple et naïve. Mais pour moi, la plus réussie est Alone (qui m'évoque le Wilco de Summerteeth sans trop savoir pourquoi).
    C'est pas le disque de l'année mais c'est un disque qui fait du bien par les temps qui courent. Y a pas de cynisme, pas de frime.

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    1. Oui, simple et très humble. En parlant d'humilité ainsi, je viens d'écouter le nouveau NITS.. c'est un genre comme ça, juste nécessaire pour le baume gratos.

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  7. Heureusement que nous n'avons pas tous les mêmes oreilles, ça deviendrait rapidement ennuyeux. Seulement, là, je n'y comprends rien. J'ai l'impression que le billet que j'ai lu ne correspond pas au disque écouté. Je suis loin d'être allergique aux mélodies finement ciselées ni même au sentimentalisme le plus exacerbé, mais ce que j'ai entendu, ici, m'a paru tellement mièvre. Si ce post avait été offert ailleurs que sur ce magnifique blog (sic!), je crois que j'aurais abandonné au milieu de la première chanson. Sans violence et sans haine!

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  8. Moi, j'ai envie de le défendre, cet album. Tous les artistes ne créent pas toujours dans la douleur et dans l'urgence. Eric Clapton, Sting et même Mc Cartney ont fait aussi des albums apaisés, nonchalants et assumés en tant que tels. Et on les écoute malgré cela avec beaucoup de plaisir.

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  9. Je comprends ton ressenti, et en toute honnêteté, c'est un reproche que j'attendais et tu es le seul à avoir eu le courage de le dire.

    Mièvre, dans l'absolu en quoi c'est une tare? Tu cites le premier morceau. Or c'est très révélateur. Oui, c'est le plus "mièvre" de tous. Eh bien, il faut être sacrément courageux pour l'écrire et le mettre en premier dans son disque et le nommer Love is Emotionnal. Ca veut dire que c'est totalement assumé. Tu te rends compte: love is emotional!!! Faut être con pour nommer donner un tel titre. Or on ne critique quasiment jamais la complaisance de l'attitude inverse parce qu'elle parait tellement plus mature et profonde... alors que dans les fait, faut pas être courageux. Tiens, moi, j'écris Love is a mistake, et là on trouve tout de suite ça plus profond. Alors que c'est complètement con aussi. Donc Neil Finn sait très bien que c'est risible et casse figure d'oser ça. Mais, lui, il l'assume et ne se cache pas. Et ça, tu devrais le respecter autant de te montrer si sévère.

    Enfin, pour ce qui est des émotions, on peut être touché ou pas, mais là, on n'a pas à se justifier pas, une émotion, ça se vit. Et il n'y a pas à juger celui ou celle qui les ressent. Toi tout comme moi. Y a pas à hiérarchiser le Macca gentillet et le Lennon drogué.

    Ce qui m'aurait intéressé, ce serait que tu me dises si trouvais ça honnête et humble ou pas, plus que mièvre. Et si tu veux me faire dire que ce n'est pas un "grand" disque, je ne le cache pas, je trouve juste que, justement, que ce qui te dérange autant dans ce disque, moi, me fait du bien. Mais de là à laisser entendre qu'il fait tache dans ton blog... je pense qu'il ne mérite pas un tel mépris (je t'ai pas proposé du Clayderman, tu as du vrai songwriting avec un travail sur les structures, les harmonies vocales, les mélodies).

    Tu te rappelles, j'avais dit que Crowded House était de la musique pour les filles. Alors laisse exprimer ton cœur de midinette, ça fait du bien parfois! ^-^ (je plaisante, hein!)

    Mais y a pas de souci si tu n'aimes pas.

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    1. Je n'ai jamais écris que ce disque faisait tache sur le blog. Quand j'invite des amis chez moi, je n'exige aucune tenue de rigueur! Le truc, c'est que je ne trouve pas que c'est disque à la hauteur d'un McCartney (qui n'a pas toujours gentillet). Pour continuer d'être honnête, la réflexion qui m'est instantanément venue en écoutant le disque, c'est: "qu'est-ce que c'est que cette soupe?!" Ce disque (le gars fait de la musique depuis suffisamment longtemps) doit certainement être honnête, mais l'honnêteté ne paie pas toujours! Je ne sais pas s'il est humble, je l'ai trouvé fade, sans grâce, et manquant énormément de vigueur: ce qui me semble être la définition de mièvre. Je comprends ce qui peut te toucher, c'est une forme de légèreté, d'innocence, de simplicité, mais, moi, je n'entends rien de tout ça. Il n'y a rien de méprisant dans ce que j'écris, je respecte le musicien, comme ceux qui peuvent l’apprécier. Je ne fais qu'exprimer un ressenti et je n'oblige personne à le partager. En l’occurrence, j'ai un cœur de midinette, et j'aime certainement des disques bien plus légers que celui-ci, mais sa légèreté à lui ne m'a absolument pas touché.

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    2. Désolé, il y a plein de coquilles dans mon texte.

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    3. bon, j'arrive après la "bataille" (c'est souvent le cas sur les blogs en fait, il ne se passe pas grand chose et d'un coup tout s'enchaine) bref...
      tout ça pour dire que je n'aimais pas le mièvre... mais, depuis peu en fait (et par la littérature, notamment anglaise, allez savoir pourquoi) je comprends un peu mieux ce sentiment (enfin tel que le défini Audrey). Du coup, non je n'aime pas, au sens où j'ai écouté cet album et qu'il ne me transcende pas (je ne le réécouterai sans doute pas, mais qui sait ?) en revanche, j'en cerne assez bien la démarche.

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  10. Mais ce n'est pas le Macca agressif ou expérimental qu'il s'agit, mais celui transi d'amour pour Linda qui chante I love you comme un crétin sur Silly Love song. OU My love (is true). Tu l'aimes ce Macca? Tu ne le trouves pas insupportable en toute honnêteté?
    Moi non. ar contre, je trouve Lennon insupportable quand il chante oh Yoko, my love will turn you on...

    Mais bon, encore une fois, y a pas de souci et c'est pas un disque qui mérite de s'entredéchirer non plus.

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    1. Un mec te sourit et tu le trouves niais, un autre t'offre le même sourire et tu tombes amoureuse, comment l'expliquer?!

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    2. En toute honnêteté, je ne suis pas très fan de "Silly love song" que je trouve un peu niaise, alors que Lennon peut m'émouvoir aux larmes (parce que j'ai un cœur de midinette!) rien qu'en prononçant les mots: "Oh, Yoko" de cette voix qui sent l'amour perdue et éperdue...

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  11. Mais il n'y a rien à expliquer avec les émotions. Mon propos, c'est juste pour te dire que tu es moins prédisposé à être touché par ce disque si tu trouves silly love song niaise. Et c'est ton droit. Moi je trouve que la chanson traduit parfaitement justement le sentiment un peu niais que déclenche l'amour de l'autre, surtout dans les tous premiers amours. Pour Oh Yoko, la voix de Lennon est très bien, c'est juste la mélodie que je n'aime pas. Alors que Macca met la bonne grosse dose chantilly qu'il convient à ce genre de sentiment. Sans chantilly, tu peux pas lutter!!!

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  12. Ce Neil Finn là, avec son frère Tim, a quand même fait ce titre, "Don't dream it's over". Alors, rien que pour ça, respect !
    Alain

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  13. Pour moi, c'est Four seasons in one day. Ou into temptation.

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  14. Pas la première fois que j'arrive après la bataille. Ce disque c'est exactement ce que j'aime chez les Crowded, qui ne m'ont jamais emballé sur les titres plus enlevés. Ici je suis un homme comblé (comme Martin Carr et d'autres) Ton papier est pile poil dans le climat obtenu. Charlu propose "Chameleon Days" moi j'ai eu une absence temporelle sur "Widow’s Peak"
    Ensuite pour rebondir, je vais relire en détail les échanges, mais le terme de "Mièvre" me parait simplement pas adapté. J'ai même cherché des synonymes pour trouver le chemin qu'avait fait ce disque dans l'écoute de Jimmy "affecté, amolli, doucereux, efféminé, fade, puérile" ... hum... à moi, un de mes McCartney qui me touche pour assumer sa sensiblerie sans distance, sans ironie... Au premier degré. "My Love"
    Voilà, je suis tout fondu

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  15. Widow's peak est effectivement un bel exercice d’équilibriste. Je la mets dans mon top 3.
    Et d'accord avec toi pour "mièvre" (mais chut! sinon je vais me faire gronder ^-^ ).

    Et pareil pour My Love, c'est pas une de mes préférés, mais cela fait partie de celles que je redécouvre à chaque fois que je passe, comme si avec l'age, ce type d'émotion me touchait toujours un peu plus. En fait, c'est exactement ce que tu dis, une sorte de premier degré qui permet d'oublier les impostures, les discours tout fait et d'accepter ce qu'on aime le plus souvent caché aux autres.

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