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vendredi 28 avril 2017

THE SAINTS ~ Prehistoric Sounds [1978]


Définition toute personnelle de subversif : faire passer un message sans en avoir l’air en véhiculant des valeurs qui dénoncent ce que l’on n’est pas ou susceptibles d’ouvrir les yeux de manière inattendue à des personnes qui ne sont pas censées être concernées... Etre subversif. Retrouver le goût de la subversion. Résister sans en avoir l’air. Voilà la seule manière d’entrer en lutte et de faire passer un message l’air de rien pour que le monde cesse de croire au miroir aux alouettes, vous savez celui qui fait ces derniers jours dangereusement gonfler certaines urnes. Quoi de mieux pour cela qu’une image de saints. Le message officiel pour le peuple qui a voté consisterait à lui dire qu’il a raison et qu’il est nécessaire de tempérer l’impudent sourire de l’hôtesse choisie par notre tenancier favori en accrochant quelques pieuses icônes de Saints sur ses murs. Cela rassurerait n’est-ce pas ? Pour ma part, je ne lutterai pas par les armes ni ne monterai ma colère. Mais je choisirai juste une image éminemment sacrée pour qui croit aux vertus cardinales du rock, mais qui, dans les faits, serait éminemment raccord et subversive avec l’insolent sourire effronté qui nous accueille chaque jour sur ce blog. J’ai connu ce groupe au travers du diptyque Préhistoric sounds et Eternally yours (leur premier méfait ayant été découvert fort tard pour ma part). Pendant longtemps, ce groupe a été pour moi celui de Chris Bailey. Je connaissais bien sûr par ailleurs Ed Kuepper (oui, encore lui !) mais sans en connaître l’histoire et son rôle au sein du groupe, ni même, à dire vrai, qu’il en fût membre, parce qu’aucun internet ne pouvait encore m’initier à ce secret. Je ne reviendrai pas sur tout l’immense bien que je pense de cet artiste, mais les deux disques en question font partie de ceux auxquels je rattache une sorte de classieuse élégance innée et ultime. Deux disques importants pour moi. Cruciaux, même. Tout le monde devrait le savoir, l’avantage des australiens, c’est qu’ils ne donnent pas l’impression de faire semblant, ils paraissent entiers et se donnent à leur art avec générosité. Et ici, la présence de Bailey brille de tous ses feux, son chant attire sur lui toute l’attention tellement il semble évident et authentique. Il renforce l’impression que le groupe ne triche pas et trouve l’équilibre entre hargne et générosité, baigné de ce supplément d’âme apporté par les cuivres, y compris sur des chansons qui ne sont pas les leurs. Seulement, on pourra toujours dire que les Saints sont sans doute le groupe du seul Chris Bailey, je ne lutterai plus contre l’histoire et l’avis générale, mais, pour moi, celui que j’aime, celui qui compte le plus, c’est celui qui, sans que je ne le sache alors, jouait principalement les chansons brûlantes d’Ed Kuepper et que chantait magistralement Bailey. Et si j’ai choisi un de leurs disques, j’aurais pu en choisir trois… Une façon pour moi de crier haut et fort que j’ai la foi, mais que je reste entièrement libre, et que je ne crois pas aux chants des sirènes de certains fronts nationalistes ou autres de tout bord. Que, même si tout n’est pas parfait et rose, on a bien plus de raisons de vivre heureux ici en France plutôt qu’ailleurs sans avoir besoin de tout casser pour des raisons et une colère que 99% de la planète ne peut comprendre, alors même que, fort étrangement, le seul fait d’oser le penser dans ce pays nous fait sentir de plus en plus seul(e). Oui, seule avec pour fidèle compagne ma triste colère toute silencieuse et ces trois premiers albums tonitruants des Saints pour me consoler des désespérantes folies de ce monde.
Audrey SONGEVAL [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]


01 - Swing For The Crime
02 - All Times Through Paradise
03 - Every Day's A Holiday, Every Night's A Party
04 - Brisbane (Security City)
05 - Church Of Indifference
06 - Crazy Googenheimer Blues
07 - Everything's Fine
08 - The Prisoner
09 - Security
10 - This Time
11 - Take This Heart Of Mine
12 - The Chameleon
13 - Save Me
14 - Looking For The Sun [Studio Outtake From Prehistoric Sounds, Bonus Track]
15 - Intermission [Live, Paddington Town Hall, Sydney 21.04,1977, Bonus Track]
16 - This Perfect Day [Live, Paddington Town Hall, Sydney 21.04,1977, Bonus Track]
17 - Run Down [Live, Paddington Town Hall, Sydney 21.04,1977, Bonus Track]
18 - Erotic Neurotic [Live, Paddington Town Hall, Sydney 21.04,1977, Bonus Track]
19 - Demolition Girl [Live, Paddington Town Hall, Sydney 21.04,1977, Bonus Track]
20 - Nights In Venice [Live, Paddington Town Hall, Sydney 21.04,1977, Bonus Track]

MP3 (320 kbps) + front cover
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