J’aurais préféré que Bob Dylan disparaisse après la sortie de Blood on the tracks, son œuvre serait restée immaculée et grandiose. Ainsi avec Neil Young, j’ai décidé d’ignorer totalement sa production après Rust Never Sleeps pour conserver intact la saveur de mes premières émotions. C’est donc avec des oreilles vierges ou presque que je viens d’écouter son dernier album. Piqué au vif par la dernière chronique de Jimmy, il semble que le bon vieux Neil ait décidé de réagir. Et donc son 41ème album... sera celui de la réhabilitation. Le décor est planté : Barn (la grange) est un studio en rondins à l’acoustique incroyable flanqué sur une colline balayée par les vents, à l’horizon les cimes des montagnes rocheuses sont couvertes par les neiges d’un hiver précoce. Le chien remue la queue, à l’intérieur mijote un ragoût de rat musqué piégé la veille par nos quatre trappeurs chevronnés. Car Neil a convoqué les anciens complices du Crazy Horse et ressorti pour l’occasion son piano cabossé. La vieille carne hennit encore d’autant que le précieux Nils Lofgren a repris du service. Il ne manque que Jack Nitzsche à la production pour ajouter quelques violons et ce serait la version musicale de retour vers le futur. La presse unanime est déjà en train de crier ses dithyrambes, on évoque Harvest et tous les chefs-d’œuvre des années 70. Robert Christgau qui a recouvré sa santé mentale après ses errements concernant la discographie de Graham Nash vient de décerner à Barn la note de A, c’est tout dire ! Mais qu’en pense le vieux fan ? Le vieux fan a vu la flamme de la bougie chanceler à nouveau dans la pénombre de la grange et il est heureux. Dont forget love. Welcome back Neil !
LE DUKE [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire!]