Comme Jimmy me donne son accord pour
parler d’autre chose que de musique (oui, je sais, c’est honteux), j’m’en vais
vous causer quelques lignes de Bande Dessinée et, pour une fois, je vais tenter
d’être clair et de ne pas digresser.
Enfin, quand je dis que ça ne va
pas parler musique, il faut tout de même savoir que l’autre scénariste et moi,
nous nous sommes rencontrés sur fond de Manset et que j’écris tout le temps en
musique. De fait, il y a bien une bande originale à cet album, mais il me serait
bien impossible de vous en faire ne serait-ce qu’une compilation tellement tout
s’est enchainé.
A l’origine, nous avons eu une idée scénariste
que nous trouvons originale, cette idée s’est baladée de contexte en contexte
jusqu’à tomber en Afrique. Ce projet est devenu La Case Blanche, une histoire
hard-boiled post première guerre mondiale avec des personnages franchement
patibulaires et racistes. Nous avons eu la chance (après plus de dix ans
d’écriture et de recherche, le temps de perdre des cheveux mais pas l’espoir en
somme) d’être accepté par un éditeur et de trouver un dessinateur africain (je
le précise, parce que finalement quand vous vous lancez sur la piste de propos
racistes et qu’un artistique africain vous dit : « c’est génial », vous
vous dîtes que vous avez visé juste – ou pas loin). Seulement voilà, le
dessinateur doit honorer différents contrats. De là, nous voilà participants
aux « Contes de Morne Plage », un projet qui nous permet de faire la
connaissance de Koffi Roger N’Guessan, un dessinateur au style vif qui enchaine
les projets. Il nous demande si on a quelques chose sous le coude et… nous en
avons des tas (d’ailleurs, si vous êtes dessinatrice ou dessinateur, n’hésitez
pas à faire coucou). Sauf, sauf qu’aucun ne correspond vraiment au style de
Koffi. Comme nous sommes deux amateurs de thé, nous voilà lancés dans un
scénario autour du thé.
Cette histoire fut vite pensée,
vite construite, vite écrite et la mise en case fut également assez rapide (je
dirais six mois d’écriture intense et un peu moins d’un an de relecture,
réécriture et ajustement au fil des dessins de Koffi). Enfin, tout a coulé de
source (c’est mieux de l’eau de source pour le thé de qualité) pour cette
histoire. Nous nous sommes basés sur l’une des innombrables versions de l’adage
« sucré comme l’amour, amer comme… » pour diviser l’histoire en trois
parties, nous avons relié chacune de ces parties à un âge de la vie de notre
héroïne, nous avons imaginé un événement formateur ou dramatique en lien avec
le thé pour chacune de ces parties pour ensuite venir greffer à tout ça des
« histoires dans l’histoire ». Un procédé d’enchâssement, de récits
gigognes que l’on apprécie particulièrement et qui nous permettait ici de
donner des informations sur la culture du thé ou sur son importance dans
l’Histoire sans tomber dans l’essai pontifiant. Pour ne rien vous cacher le
plus difficile fut de parvenir à créer des éléments dramatiques courts en très
peu de pages et si nous nous sommes séparés le travail pour varier les
tonalités des récits, nous nous sommes concentrés sur les transitions entre les
récits (ça revient à choisir l’ordre des morceaux sur un album, si vous avez
peaufiner deux belles rythmiques, deux ambiances mais que vous les faites
s’enchainer trop brutalement ou trop doucement vous n’arriverez pas à la
synergie nécessaire… s’pas facile).
Finalement, ça parle d’une petite fille qui
reçoit une théière des mains de sa mère (et l’histoire/légende qui accompagne
l’objet) au milieu du siècle dernier en Afrique du nord, d’une jeune femme
engagée comme reporter de guerre qui apprend dans la douleur que tous les
conflits se ressemblent quand il s’agit de faire du profit et d’une femme âgée
(pleine de ressources) qui s’échappe d’une visite guidée pour découvrir les
secrets du thé chinois. Enfin, vous l’aurez compris ça parle surtout de
transmission.
Voilà, la B.D. (comme le secteur
littéraire) souffre d’un trop plein de sorties et qu’en prime nous n’avons pas
énormément de com’ ou de marketing, on se doute qu’on ne va pas finir
millionnaires sur ce coup (d’ailleurs pour celles et ceux qui se poseraient la
question, nous avons un pourcentage sur les ventes, pourcentage que nous avons
décidé de laisser presque intégralement au dessinateur. Et globalement vivre de
la B.D. de nos jours n’est pas chose évidente) mais on se dit que l’album
pourrait trouver son public.
YGGDRALIVRE [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]