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mardi 21 mars 2017

TAMARA LUKASHEVA ~ Patchwork Of Time [2016]


Mon envie de jouer les entremetteurs entre ma russophilie et ma jazzophilie a déjà provoqué quelques très belles découvertes, comme ces émouvants enregistrements resurgis du fond des âges, premier volume, déniché dans un aéroport moscovite, d’une anthologie du jazz soviétique semble t-il jamais poursuivie par la mythique firme Melodiya. Ou encore la stupéfiante anthologie Golden years of Soviet New Jazz publiée par Leo Records, ample comme le lit et puissante comme le flot de la Volga, révélation d’une créativité bouillonnante contenue dans une semi-clandestinité, au tournant des années 80, dans une U.R.S.S. qui n’avait plus qu’une décennie à vivre et ne le savait pas. Et tout récemment la jeune et très prometteuse saxophoniste Victoria Mozalevskaya. J’ai pu aussi croiser, lors de mes pérégrinations mélomaniaques, des dames s’exerçant à l’art subtil du jazz vocal (et donc fortement désirables) sur les bords de la Neva ou ceux de la Moskova. Autant d’aventures sans lendemain, faute selon mon goût d’une personnalité assez marquante (je ne citerai point de nom, pour ne pas fâcher). Jusqu’à ce qu’apparaisse Tamara Lukasheva. Elle est Ukrainienne certes, pas Russe. Mais beaucoup là-bas vous diront que l’Ukraine et la Russie c’est la même chose, ou presque. Au point de ne pas même se sentir obligés de s’excuser d’essuyer leurs bottes (et leurs mains) sales sur le Donbass et la Crimée. Reconnaissons leur une indéniable proximité politique et culturelle (le premier état russe n’a t-il pas été fondé à Kiev ?) et parlons un peu de jazz… Tamara Lukasheva donc, qui vient de quelque part, de l’Est, et donne à l’entendre. Elle chante en anglais (avec, parfois, une délicieuse pointe d’accent slave), en allemand (sa langue d’adoption, car la vie d’une chanteuse de jazz en Ukraine ne doit pas être si facile), mais aussi dans sa langue natale. Un seul standard, placé en ouverture, pour solder peut-être la question de l’héritage et annoncer la couleur, ou plutôt hisser les couleurs d’un jazz qu’elle et ses musiciens façonnent en un patchwork temporel, puisque la musique est aussi la mise en couleur du temps. Un jazz qui se souvient de ses origines, ignore la nostalgie et ne vit que de sa permanente réinvention. Le jazz, en somme. Je ne sais et ne veut pas vous en dire plus. Aux curieux, j’ai envie de réserver la fraîcheur d’une très belle surprise…
AREWENOTMEN? [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]



01 - Alone Together
02 - Rada
03 - Berdovichko [Feat. Shannon Barnett]
04 - Ich Weiss Nicht
05 - Nicht Film Musik [Feat. Liora Rips]
06 - Gockl Am Hof [Feat. Liora Rips]
07 - Integration
08 - A Patchwork Of Time
09 - Sirii Gusi
10 - Dark Waters
11 - Song For Mama And Papa [Feat. Shannon Barnett]
12 - Sag Deiner Sonne
MP3 (320 kbps) + front cover