ARCHIVES

lundi 4 juin 2018

(Mon) Panthéon Du Rock # 2 : Quicksilver Messenger Service / John Cipollina (par Le Duke)



"Entre ici Jean Chipollin avec ton cortège flamboyant…" Ainsi entamerai-je le discours d’intronisation du grand John Cipollina et de son groupe le Quicksilver 
Messenger Service. 
Puisque les bouffons du Rock'n'roll Hall of Fame de Cleveland n’ont su encore cette année te rendre 
honneur (ils ont préféré ce navet de Bon Jovi et même pas nominé Père Ubu qui joue à la piaule àv
Cleveland !), le Duke est là pour te réserver une place méritée dans le nouvel Olympe du rock'n'roll. 
Eh bien, oui, je veux réparer cette injustice car je vais faire édifier prochainement ce sanctuaire 
mystique qui comprendra un sous-sol digne du tombeau d’ Aménophis III l’égyptien abritant la 
crypte sacrée et ses trésors oubliés (interdite au public). Cette nécropole musicale sera élevée d’un 
étage pyramidal consacré au culte de nos chers disparus afin qu’ils puissent recevoir décemment 
les hommages de leurs fans et gagner sereinement le Walhalla du rock'n'roll par l’entremise 
d’une transmutation cosmique. 
Point de hamburgers et de produits dérivés dans ce lieu empreint de beauté et de spiritualité. 
Non loin de la crypte sacrée, une salle blindée renfermera en édition vinyle 180 grammes la 
discothèque du "Duke" complétée par les généreuses donations de mes folowers retraçant toute 
l’histoire du rock'n’roll à l’usage des générations qui survivront à la guerre nucléaire et au méga tsunami 
qui rayera définitivement Cleveland et Memphis (la cité des pharaons du Tennessee) de la 
carte du globe. 
Je ne prendrai pas un architecte chinetoque qui connait que dalle au rock'n'roll et à la sécurité
nucléaire pour qu’il me fourgue la copie de la pyramide du Louvre comme il a fait avec ces gros nases 
de Cleveland qui n’y ont vu que du feu. Non, je pense plutôt humblement que je vais créer ce temple 
moi-même. Ce sera un mélange d’architecture antique et de style baroque qui fera sensation. 
Dans la grande aile du sanctuaire consacrée aux guitar heroes, John Cipollina figurera en bonne 
place dans une alcôve fleurie parfumée d’encens et de patchouli dédiée au west coast rock, en compagnie 
de ses brillants congénères de la baie de San Francisco et sous la férule bienveillante des 
Saints patrons de la catégorie : Link Wray, Cliff Gallup, Scotty Moore, Chuck Berry, Ike Turner et 
Johnny Ramone dont les statues de marbre blanc représentants nos demi-dieux nus et simplement 
affublés de leur instrument de prédilection en bandoulière, orneront le péristyle de l’édifice 
consacré à la six cordes. 
Tout ceci sera du plus bel effet et ma foi d’un très bon gout rock'n'rollien mais faudrait voir avant ce 
qu’en pense le docteur Ungemuth qui est un esthète en la matière. 
Donc pour vous résumer l’histoire du "Mercure vif argent", il nous faut remonter quelques années 
avant la funeste disparition de Chocolate George. Nous sommes en 1965 à San Francisco, une bande 
de folkeux mené par un gitan évadé du Greenwich village surnommé Dino Valenti (certains lui 
attribuent la paternité du morceau Hey Joe, mais je n’en crois pas un mot !) décide de monter un 
groupe électrique, Cippolina est le seul à jouer de la guitare amplifiée et en plus il connait le blues. 
Valenti se fait immédiatement coffrer pour possession de illégale de marijuana et c’est une 
véritable aubaine pour le groupe qui enrôle Skip Spence à la guitare et David Freiberg un autre 
folkeux pour se produire une première fois au Matrix le club de Marty Balin. Spence (à la batterie) 
est débauché par Balin pour monter son groupe le Jefferson Airplane et se faisant pardonner 
propose Greg Elmore et Garry Duncan en provenance du groupe garage The Brogues (I ain’t no 
miracle worker, révisez vos Pebbles nom d’un chien !) pour remplacer l’instable Spence. Jim Murray
le chanteur d’origine que l’on retrouvera plus tard dans Copperhead lâche l’affaire après quelques 
concerts et voici notre quatuor de bravados réunis dans leur formation historique : Cipollina, 
Duncan, Freiberg et Elmore. 
Très rapidement, le groupe se distingue comme un des plus emblématiques de la scène bouillonnante 
de San Francisco et particulièrement lors de ses performances scéniques ou le public en totale 
interaction avec la musique du groupe expérimente le LSD de façon plus ou moins organisée. 
Des acid tests et des love in sont organisés à qui mieux mieux avec comme support la 
musique des représentants du cartel San Franciscain (QMS, Grateful Dead, Jefferson Airplane, Big 
Brother, Mad River et bien d’autres). 
C’est le grand raout du sexe et de la défonce sans entraves ! 
Mais vous connaissez la suite avec la fin tragique de Chocolate George venant s’encastrer dans cette maudite 
Buick… "
An underrated musician" (comme on lit parfois sur les blogs au sujet de Jeff Lyne…) doit être cité 
car ayant influencé la musique de San Francisco et de Quicksilver en la personne de Nick Gravenites. 
Chanteur de blues et compositeur émérite, Gravenites posera avec Mike Bloomfield et Buddy miles 
un jalon important de l’histoire du rock avec son "super » group" : Electric Flag : A Long time comin' en 
1968 (également conseillé en solo : My Own labors, 1969 avec un Bloomfield au top de sa 
forme). 
J’espère que vous prenez des notes ! 
Surnommé "le Grec" en raison de ses origines le chicagoan Gravenites est une sorte de passeur 
entre le blues moderne de Chicago et le blues psychédélique de San Francisco. Mike Bloomfield et le 
Paul Butterfield Blues Band avaient ouvert la boite de Pandore avec leur morceau East West pour 
lequel Bloomfield avouait qu’ayant eu une révélation après avoir gobé un sucre imbibé de LSD, il 
avait percé le mystère de la musique indienne pour créer cette pièce totalement avant-gardiste qu’ils 
étiraient en live sur plus de quarante-cinq minutes d’extase électrique. 
Les frères de la côte ouest s’en souviendront. 
Les esprits chagrins pourront taxer la musique de QMS d’une faiblesse relative au niveau du chant 
et de la composition, mais celle-ci est très largement compensée par leur puissance d’interprétation. 
On est en présence de quatre jazzmen sans leader véritable déstructurant des pièces de blues pour 
créer la bande son d’un western spaghetti hallucinogène. Ils posent les bases du free rock. 
Le style de John Cipollina est unique et immédiatement reconnaissable. Il utilise plusieurs onglets de 
fingerpicking et deux sorties distinctes sur deux amplis différents pour sortir de sa Gibson SG les 
subtils effets de vibrato caractéristique de son jeu (tout le matos de John est consigné chez les gros 
blaireaux de Cleveland, mais je vais bientôt le faire rapatrier pour mon sanctuaire). Avec Gary 
Duncan (Gibson Les Paul) qui est une très fine gâchette, ils opèrent en doublette, alternant le 
lead et la rythmique à l’instar des autres duos célèbres de l’époque : Mike Bloomfield et Elvin Bishop 
au sein du Paul Butterfield blues band, Duane Allman et Dicky Betts avec les Allman Brothers, Jerry 
Garcia et Bob Weir avec Grateful Dead ou tiens Lou Reed et Sterling Morrison du Velvet Underground, 
lorsqu’ils balançaient au Matrix en 1969 des versions de Sister Ray de plus de trente-sept 
minutes totalement psychédéliques. John est un guitariste qui a de la personnalité, qui plus est 
avec ses longs cheveux tombant sur les épaules, sa silhouette longiligne et ses fringues "hippy 
chic", il a l’allure d’un dieu grec. Tout le contraire de Joe Bonamassa en définitive. 
Les deux premiers albums du groupe : Quicksilver messenger service et Happy trails sont des 
chefs-d’oeuvre impérissables emballés comme de rigueur à cette époque dans des pochettes 
magnifiques, la première calligraphiée rouge sur fond noir est dessinée par Rick Griffin cher à nos 
amis surfeurs et la seconde présente une fresque évoquant l’ouest sauvage et libre sous un ciel 
d’azur... qui transpire dans la musique de l’album. Le troisième LP Shady Grove doit beaucoup à la 
personnalité de Nicky Hopkins, mais Duncan n’est plus là. La suite avec la reprise en main du groupe 
par le tyran Dino Valenti demeure du rock West Coast de très bonne facture ou l’on retrouve par 
intermittence la flamboyance des débuts dans le jeu de guitare de Duncan et Cippolina, trop souvent 
mis sous l’éteignoir par l’omniprésence du chef à la voix un brin horripilante. 
Cippolina lassé des frasques de Valenti mettra un terme à l’aventure QMS pour monter
Copperhead qui sort en 1973 un unique petit chef-d’oeuvre de hard rock californien. Après 
l’expérience d’un nouveau groupe, The Raven, il continuera de jammer et d’enregistrer avec Terry 
Dolan et ses Pirates ou Nick Gravenites voire Man, sans jamais se départir de sa générosité et de sa
coolitude californienne non feinte. Il décédera à 45 ans des suites d’un emphysème lié sans doute à 
sa grande consommation de tabac. Avis aux pseudos punkers ignorants et autres nihilistes de toutes obédiences. Cippolina était un grand, un hippy, un vrai ! Comme je vous l’ai expliqué les deux premiers albums du groupe sont essentiels et le reste en comparaison est de la petite bière. Vous demandez du rab comme à la cantine ? Alors vous allez être servis copieusement. Le CD Lost gold and silver offert avec le billet regroupe un bootleg de très bonne qualité audio connu sous le nom de Maiden of the cancer moon enregistré en live en 1968 à l’époque de Happy trails. Il présente l’avantage d’offrir les versions live de morceaux inédits comme la reprise féroce des classiques de blues que sont Backdoor man et Smokestack ligthning mais aussi les versions live inédites des morceaux du premier album qui culminent avec The Fool et Gold and silver (une variation du Take five de Dave Brubeck pour les jazzeux qui aiment le rock ou l’inverse) et deux versions raccourcies de Mona et Who do you love de papa Diddley. Le deuxième CD (bonus) en studio est composé de chutes du premier album, de singles de la première période ou de l'enregistrement du groupe pour la B.O. du film hippy de 1967 Revolution ou des versions studio des pièces de bravoure joués en live sur Happy trails. Maintenant que vous êtes rassasiés pour clôturer la cérémonie nous entonnerons le chant des partisans afin de célébrer notre victoire prochaine sur les forces nihilistes qui gangrènent le rock'n'roll.
n’roll. WOP BOP A LOO BOP A LOP BAM BOOM, TUTTI FRUTTI, OH A RUTTI…
LE DUKE [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]



CD1 : Live from 1968
01 - Back Door Man
02 - Codine
03 - Gold And silver
04 - Smokestack lightning
05 - Light Your Windows
06 - Dino’s Song
07 - The Fool
08 - Who Do You Love
09 - Mona/Maiden Of The Cancer Moon/Mona
CD2 : Bonus Studio
01 - Don’t Want To Spoil Your Party (Dino’s Song)
02 - Acapulco Gold [type de beuh] And Silver (Gold And Silver)
03 - I Hear You Knockin’
04 - Back Door Man
05 - Your Time Will Come
06 - Who Do You Love (Part 1)
07 - Walkin’ Blues
08 - Calvary
09 - Codine
10 - Babe I’m Gonna Leave You
11 - Stand By Me
12 - The Bears
1-7 unreleased demos and early versions
8-9 from the soundtrack “revolution”
10-12 capitol singles
WMA + artwork