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mercredi 19 octobre 2022

WAYLON JENNINGS ~ Dreaming My Dreams [1975]


A ma connaissance, il n'existe pas de réunions au sommet entre musiciens. Ainsi, les futurs membres des Specials, de Madness, de Selecter et du Beat ne se sont jamais donnés rendez-vous dans un pub de Camdem Town ou de Coventry pour décider qu'il était grand temps de remettre le ska et le rocksteady au goût du jour. De la même manière, je doute que Waylon Jennings ait jamais fixé de rencart, au fond d'une grange désaffectée, à Johnny Cash, Merle Haggard, Mickey Newbury ou George Jones pour leur annoncer que c'était bien mignon les kermesses de Nashville avec rodéos et costards à paillettes mais que ce serait peut-être le moment de se rebeller en remettant un peu de cœur, de sueur, de larmes et de sang dans la country... Un petit malin qui aimait les chouettes étiquettes va nommer cette affaire le outlaw movement, soit une country pour hors-la-loi qui dédaignera les gigues avec lancés de Stetson mais n'hésitera pas à lorgner vers le rock si le cœur lui en dit. En musique, on ne comprend pas toujours tout du sens des courants - et c'est ça qui est le plus beau... Pendant mon adolescence, en pleine nouvelle vague, il était à peu près aussi mal vu d'écouter de la country que de s'enfiler le triple live de Yes, j'ai donc accumulé un sacré retard. Mais, un jour, par un doux après-midi d'automne, mon disquaire préféré fit tourner I'm so lonesome I could cry (1949) de Hank Williams dans son échoppe. Ô rage! ô désespoir! à lui seul le titre en disait plus long sur les langueurs monotones que l'intégrale des poèmes gothiques de Robert Smith! Patiemment, j'ai reconstitué toute l'histoire jusqu'à tomber sur ce Dreaming my dreams dans lequel le gars Waylon espère ne plus se tromper et vivre pour tout voir. Certains n'hésitent pas à dire qu'il s'agit du disque le plus romantique de tous les temps. Je ne vais pas m'amuser à vérifier aujourd'hui! Ce qui est certain, c'est qu'en matière de cœur, de sueur, de larmes et de sang, notre homme a mis la dose, mais sans une once d'esbroufe, rien que de la classe à l'état pur.  

Jimmy JIMI 

01 - Are You Sure Hank Done It This Way
02 - Waymore's Blues
03 - I Recall A Gypsy Woman
04 - High Time (You Quit Your Lowdown Ways)
05 - I've Been a Long Time Leaving (But I'll Be A Long Time Gone)
06 - Let's All Help The Cowboys (Sing The Blues)
07 - The Door Is Always Open
08 - Let's Turn Back The Years
09 - She's Looking Good
10 - Dreaming My Dreams With You
11 - Bob Wills Is Still The King
MP3 (320 kbps) + artwork 
 

jeudi 13 octobre 2022

MUNLY & THE LUPERCALIANS ~ Kinnery Of Lupercalia ; Undelivered Legion’’ [2022]


 

"What makes him do It ? Does Döder make him do it ?"
Vous allez souffrir.
Ce disque sera votre pire cauchemar. Tout ce que vous détestez est dedans, un melodica, un banjo, un baril de lessive (déjà faut en trouver un…) ou des boîtes en ferraille comme percussions, un piano plonk-plonk (ouais, il est désaccordé) le tout unplugged bien sûr, essaie d’électrifier un melodica on va rire deux minutes.
Y a aussi un flot incessant de paroles menaçantes, à tout le moins, et tiens-toi bien des yodels en veux-tu en voilà. T’en veux pas ? Tant pis pour toi, y en a.
Au milieu de tout ça des trucs dont la seule utilisation humainement imaginable serait la sonorisation d’un dessin animé tchécoslovaque des années 70. "Attention Pierre, le Loup, le Loup !"
Ah rien qu’à voir vos tronches à l’écoute du barouf je me marre. Bah ouais je les vois vos tronches.
Et vu comme je m’applique à vous le vendre vous êtes forcément en train de l’écouter hahahaaaaar… non ?
Ceci-dit faudra penser à me remercier de ne vous infliger que la version digitale de l’affaire (comme si j’avais le choix…). L’objet est d’abord sorti en vinyle rouge, sang de bœuf plus exactement, oxenblood in english, et nombreux sont les cas rapportés d’auditeurs qui ayant écouté le disque en regardant fixement sa pochette ont vu leurs dents s’allonger, leur vue baisser, des sabots leur pousser vous savez où puis leur enveloppe corporelle terrestre exploser dans leur salon. C’est dingue. Faut dire que sur ces trucs auto-produits les mecs oublient parfois le sticker censé te prévenir que va y avoir des problèmes.
Bon allez, on fait quoi maintenant, un peu d’histoire, d’ethnologie, de géographie ? On reparle de Pierre et le Loup ? Le Loup qui a essayé de manger votre petit chat ? Vous inquiétez pas Rebecca s’occupe de tout.
Rebecca c’est bien la seule trace d’humanité que vous trouverez dans ces 40 minutes, un comble pour une vétérinaire.
Assistante vétérinaire en fait, c’est sûrement pour arrondir ses fins de mois qu’elle fait de la musique avec son fiancé Jay Munly, alias Munly, alias Munly-Munly, alias Munly J Munly, alias Munly the 32rd. Rebecca et Munly ont fait les beaux jours d’environ 80 groupes différents, j’exagère à peine. L’avantage c’est que leurs membres étaient les mêmes, je réduis à peine.
Là il ne leur en reste que 3 si je sais compter. Et comme à chaque fois Pentacoast et Cessna sont dans le coup. On l’entend pas trop ici le Slim, j’aime bien son contre-point vocal habituel mais là il est trop occupé à taper sur des trucs pour chanter. Dwight lui à lâché sa guitare, mettez-vous à sa place y avait un melodica qui traînait par là… Enfin, y a quand même un peu de guitare mais j’ai du mal à discerner qui en joue. Y a aussi un truc qui ressemble à une basse mais si ça se trouve c’est un synthé ce qui ferait que je vous raconte des conneries depuis le début. On va faire comme si de rien n’était.
Les 4 loustics j’les avais vus dans une autre de leur formation, l’illustre DBUK. On devait être 25 dans la salle, cette salle où plus tard Duke me traîna voir les Supersuckers. Autant dire que rien à voir. DBUK live je vois pas comment qualifier ça autrement qu’une expérience. Pour continuer à vous emmerder je vous mets un lien Youtube un peu plus bas. A mon humble avis (et après quelques visionnages) Munly & The Lupercalians live c’est encore plus grave, et je dis pas ça pour vous retenir, vous pouvez partir quand vous voulez.
Mais vous allez rester hein, dites-moi ? Non parce que j’ai gardé le meilleur pour la fin, ce serait trop bête que vous manquiez l’info. Qui va suivre, vous inquiétez pas. Et on parlera bien sûr du SCAC, je dis ça pour les impatients. Le SCAC aussi j’les ai vus live, y en a une trace chez Marius et comment dire, le SCAC c’est pas pareil, live le SCAC c’est une expérience. Haha. Mais revenons plutôt à ce qui nous amène ici, un peu de critique musicale. Mais non, j’déconne.
Il sera maintenant question de géographie. Alors oui Denver bien sûr mais en fait non : Lupercalia. Lupercalia c’est le nom du bled, quant à Kinnery c’est un truc du genre "la communauté". Nos zèbres (y en a pas beaucoup dans le Colorado des zèbres, heureusement diront certains) ont donc imaginé de toutes pièces cette communauté où il fait bon vivre surtout quand on est un animal détraqué, une plante tordue, un hominidé foutraque ou un croisement des trois, névrosé de préférence. Bien légitime la névrose, on ne saurait leur reprocher à ces pauvres heu… gens, déjà faudrait trouver la tête puis les oreilles pour être sûr que le message passe, c’est pas gagné. 
Ce qui est gagné par contre c’est le gros lot que le voici le voilà, t’as beau ne pas y croire la grande nouvelle est tombée pas plus tard que y a pas bien longtemps : ce disque n’est que le premier d’un triptyque Lupercalien !
Les deux autres, vous l’aurez deviné (là je sais pas si je vous surestime pas un peu), sortiront sous les bannières respectives SCAC et DBUK.
Oui oui, vous avez bien lu.
Non non, là je déconne pas.
Sans déconner, je déconne pas.
Et comme à chaque fois que j’y pense, j’en pleure de joie.
A grosses larmes.
Faut que je vous laisse.
Everett W. GILLES
P.S. : DBUK live c’est ici
 

01 - Ahmen
02 - Ben Asher
03 - Dôder
04 - Jehu
05 - Mahout
06 - Mattie
07 - Polpot
08 - Scarebeast
MP3 (320 kbps) + front cover