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vendredi 31 mars 2017

EMMYLOU HARRIS ~ Pieces Of The Sky [1975]


Quand on est gamin et qu'on découvre les Byrds (un des dix (voire des cinq) groupes les plus importants de l'Histoire), on est tranquille pour se ruiner (le cœur et le portefeuille) pendant quelques années ! Leur discographie est une mine d'or, mais, comme si ce n'était pas suffisant, au fond de la mine, on trouvera une carte aux trésors menant vers cent autres fabuleux objets. Or donc (entre autres exemples), celui qui achètera un de leurs premiers chefs-d'oeuvre poussera obligatoirement (à moins d'être un peu benêt !) jusqu'au magnifique Sweetheart of the rodeo, ce qui l'entraînera tout aussi naturellement vers les merveilleux albums de Gram Parsons. Là, il tombera d'une commotion émotionnelle en découvrant la version de Love hurts en duo avec la gracieuse, l'ensorceleuse Emmylou (en plus d'avoir ce prénom tellement cool, jamais une chanteuse (à l'exception de Sa Majesté Hope Sandoval !) n'a autant eu la voix de son physique - quand on peut joindre l'utile à l'agréable, il n'y aucune raison de se gêner !). Forcément (à moins d'être un peu niais !), le fan continuera l'aventure en franchissant la porte de la chambre de la demoiselle. Personnellement, j'ai un peu de mal avec les titres les plus enlevés, lesquels, à mon goût, sentent un peu trop "la fête du rodéo", mais les ballades, nettement majoritaires, sont un délice de tous les instants. La cowgirl retire ses bottes  et vous invite à "rêver dans la grotte où nage la sirène"... Gare à l’envoûtement ! 
Jimmy JIMI [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]  

  
01 - Bluebird Wine
02 - Too Far Gone
03 - If I Could Only Win Your Love
04 - Boulder To Birmingham
05 - Before Believing
06 - Bottle Let Me Down
07 - Sleepless Nights
08 - Coat Of Many Colors
09 - For No One
10 - Queen Of The Silver Dollar
11 - Hank And Lefty [Bonus Previously Unissued]
12 - California Cottonfields [Bonus Previously Unissued]
MP3 (320 kbps) + artwork




jeudi 30 mars 2017

LOUIS SCLAVIS, DOMINIQUE PIFARELY, VINCENT COURTOIS ~ Asian Fields Variations [2017]


Je résiste difficilement à l'appel de la clarinette et encore moins à celui du violoncelle, alors quand ils sont liés (par un violon), la tentation devient trop grande - surtout quand ils invitent à un voyage en terre d'Asie. Ces variations nous entraînent à la frontière du jazz et du néo classique en évitant les clichés touristiques. Personnellement, j'ai vu défiler tous mes fantasmes allant du haïku aux estampes en passant par le cinéma de Yasujiro Ozu ou aux romans de Yasunari Kawabata, mais vous êtes assez grands pour vous faire votre propre petit film !
Jimmy JIMI [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaires !]


01 - Mont Myon
02 - Done And Done
03 - Pensée Furtive
04 - Figure Absente
05 - Asian Fields
06 - Digression
07 - Fifteen Weeks
08 - Les Nuits
09 - Cèdre
10 - Sous Le Masque
11 - La Carrière
MP3 (320 kbps) + artwork



mardi 28 mars 2017

Pour la beauté du geste (feuilleton électrique) par Jimmy Jimi # 133


133. THE LETTER [THE BOX TOPS] 

   On reconnaît le véritable gentleman au fait qu'il utilise une pince à sucre, qu'il soit accompagné ou seul à table devant sa tasse de café (le véritable gentleman évite de sucrer son thé, cela dénature le divin breuvage). De son côté, le rocker élégant ne se promènera jamais en caleçon même pour arpenter le rivage d'une île déserte au climat particulièrement serein. Or donc, un matin, au sortir de la douche, je trouvai un billet glissé dans la poche à l'italienne de ce que Mary appelait mon pantalon de collection, une pure merveille portant l'étiquette de Granny Takes A Trip et ayant traversé l'espace temps pour se retrouver sur un portant égaré au milieu d'un vide grenier.   

   Mon Jimmy Chéri,

   Voilà X jours que tu es partis et pas un coup de téléphone, pas une carte postale !
  J'espère que tu as trouvé un bon album à écouter, sinon, c'est de ta faute, il ne fallait pas envahir notre salon avec ces étagères croulant sous le poids de centaines de disques inutiles ! 
   J'ignore où je me trouverai quand tu liras ces lignes, mais je sais que je penserai à toi.

   Je t'embrasse très fort (non, encore plus fort que ça !),
   Mary

P.S. : ne te fais pas de souci, je suis certaine que tout finira par s'arranger.

   Elle avait griffonné ces mots à la hâte, d'une main tremblante, pendant qu'elle préparait mes affaires. J'imaginai le sourire qui n'avait pu s'empêcher de se dessiner sur son doux visage pendant qu'elle rédigeait ces petites bêtises.

   Comme armé des supers pouvoirs que cette missive m'avait conférés, je fonçai vers la valise de disques. Dans la pochette du Red skies over paradise de Fisher-Z (dont j'avais totalement oublié l'existence), je trouvai le sublime et bien nommé Desertshore de Nico. C'est l'avantage, le seul, d'avoir une gamine qui farfouille dans votre discothèque sans jamais rien remettre à la bonne place.

   Enfin, la véritable aventure de L'Ile Déserte allait pouvoir commencer. J'essuyai délicatement le précieux vinyle avant de le déposer, avec grand soin, sur le plateau magique. Mon cœur battait une incroyable chamade. Précautionneusement, je tournai le bouton du volume, puis posai l'aiguille sur le bord du sillon sacré.  



lundi 27 mars 2017

VARIOUS ARTISTS ~ Going Home [HMC. 2017]


Pour un saltimbanque, comme le chante Dominique Laboubée : "Home is where I want to be". Il n'empêche, nous venons tous de quelque part et, parfois, l'appel du foyer se fait ressentir. Le sujet n'a pas manqué d'inspirer nos amis chanteurs. Rien que dans le domaine du blues, il y aurait de quoi remplir un plantureux coffret. Ici, j'ai essayé de varier les plaisirs pour multiplier le votre. Certains titres pourraient faire saigner vos petits cœurs sensibles, alors que d'autres sont nettement plus légers, comme celui de Leonard Cohen (ici accompagné par Bob Dylan et Allen Ginbsberg (voilà ce qui peut arriver quand on réuni trois poètes dans une même pièce !)) qui conseille de ne pas rentrer à la maison avec la trique !    
Jimmy JIMI [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]
Un beau merci à Echiré pour la photographie.  


01 - SAM COOKE - Bring It On Home To Me
02 - MINK DEVILLE - Just To Walk This Little Girl Home
03 - MADELEINE PEYROUX - Leaving Home Again
04 - PATSY CLINE - Bill Bailey Won't You Please Come Home
05 - JACK PALANCE - Green, Green Grass Of Home
06 - THE GUN CLUB - Carry Home
07 - BIG MAYBELLE SMITH - Everybody's Got A Home But Me
08 - ROBERT JOHNSON - Sweet Home Chicago
09 - BOB DYLAN - I Was Young When I Left Home
10 - CALYPSO ROSE - Far From Home
11 - THE BEATLES - She's Leaving Home
12 - THE ROLLING STONES - Going Home
13 - DOGS - Home Is Where I Want To Be
14 - LEONARD COHEN - Don't Go Home With You Hard-On
15 - THE SHANGRI-LAS - I Can Never Go Home Anymore
16 - ED ASKEW - Baby Come Home
17 - SOKO - No More Home, No More Love
18 - TOM WAITS - Long Way Home
MP3 (320 kbps) + artwork





dimanche 26 mars 2017

COOL VIDS : Janne Hea ~ Wishing Well [2014]


Janne ou l'état de grâce...
Jimmy JIMI [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]


samedi 25 mars 2017

DON'T BOGART ME...


Faites tourner !
Vous avez compris le principe : ici, on découpe ses belles galettes pour les partager avec les copains !
Jimmy JIMI


vendredi 24 mars 2017

THE JESUS AND MARY CHAIN ~ Damage And Joy [2017]


Ah, les sagouins ! Ils ont profité que le contrat n'en faisait pas état pour bâcler la pochette (mais le titre sauve la farce) ! Sinon, toutes les clauses sont respectées. On ne leur demandait pas un nouveau chef-d'oeuvre, juste un album qui ne fasse pas honte à leur magnifique discographie - parce que les reformations qui font pitié, on a déjà passablement donné. Après vingt ans de bouderies et d'atermoiements, les frangins Reid sont de retour, en belle forme, et ça fait un plaisir dingue ! Ils appliquent à merveille leur recette dite du bonbon au poivre : la main gauche qui caresse et, aussitôt après, la droite qui t'expédie une taloche genre Mohammed Ali après une bonne nuit de sommeil ! La voix, toujours un peu détachée et incroyablement cool, n'a pas souffert des outrages du temps (elle est soutenue, ici et là, par un joli contingent de chouettes copines (mais pas Sa Majesté Hope Sandoval avec qui ce salopard de William eut jadis une aventure - désolé, ça m'a échappé !)). La guitare sado masochiste construit et déconstruit des murs de sons avec la grâce imposée. La boîte à rythme a reçu un lot de piles neuves. Si, après trois écoutes, je n'ai repéré aucun titre qui puisse réellement concurrencer leurs plus grands hymnes, l'ensemble est suffisamment excitant pour donner envie de lever son chapeau avant de partir zigzaguer dans les reflets du crépuscule! 
Jimmy JIMI [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]        


01 - Amputation
02 - War On Peace
03 - All Things Pass
04 - Always Sad
05 - Song For A Secret
06 - The Two Of Us
07 - Los Feliz (Blues And Greens)
08 - Mood Rider
09 - Presidici (Et Chapaquiditch)
10 - Get On Home
11 - Facing Up To The Facts
12 - Simian Split
13 - Black And Blues
14 - Can't Stop The Rock
MP3 (320 kbps) + front cover
COOL 14




jeudi 23 mars 2017

VARIOUS ARTISTS ~ Rock And Roll Music ! - The Songs Of Chuck Berry [C. 2017]


Notre ami Jeepeedee est vindicatif : "Ce coup-ci, le rock (et le roll) est vraiment mort"... Comme si la disparition de l'immense Chuck changeait quoique ce soit à la donne. Comme si tout n'était pas écrit depuis lurette. A soixante ans bien tassés (ce qui est déjà miraculeux pour un machin que beaucoup envisageaient comme un phénomène éphémère, ce qui est extraordinaire pour un bidule tenant sur trois faméliques accords), le rock (et c'est un doux euphémisme) connait quelques difficultés à se réinventer une énième fois (même si une poignée de jeunots tentent encore de faire tenir le truc debout). Il suffit d'ouvrir un magazine spécialisé (qu'il soit américain, anglais ou français) pour s'apercevoir que le passé est souvent mieux représenté que le présent. Il suffit, surtout, de jeter un œil sur ce que contient le téléphone de nos enfants : du rap (de plus en plus tourné vers la variétoche), du faux r&b, de l'électro... J'ai bien peur que le nom de Chuck Berry ne leur dise pas davantage que celui de Charlie Parker ou de... Jean Sablon ! Bien sûr, il y a des exceptions (vous connaissez le copain d'un voisin qui a un cousin qui a formé un groupe...), mais je crains que ça ne suffise pas et que le rock ne disparaisse définitivement avec notre génération... Cette nouvelle et délicieuse compilation a paru il y a un mois jour pour jour. Il y en aura d'autres, du héro comme des multitudes qu'il a influencées. J'espère qu'elles me feront mentir et que des milliers de gosses reprendront encore longtemps ce lot impressionnant de chefs-d'oeuvre. Merci pour tout, Chuck.
Jimmy JIMI [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !] 

            
01 - The Beach Boys - Rock And Roll Music
02 - The Swinging Blue Jeans - Around & Around
03 - Ken Colyer's Skiffle Group - Down Bound Train
04 - Marty Robbins - Maybellene
05 - Ian Gomm - Come On
06 - Don Covay - Memphis
07 - The Pretty Things - Oh Baby Doll
08 - The Bunch - Nadine
09 - Jerry Lee Lewis - Little Queenie
10 - The Remains - I'm Talking About You
11 - Buddy Holly - Brown-Eyed Handsome Man
12 - Jay And The Americans - Johnny B Goode
13 - Helene Dixon - Roll Over Beethoven
14 - The Hollies - Sweet Little Sixteen
15 - Elvis Presley - Too Much Monkey Business
16 - Syndicate Of Sound - Almost Grown
17 - John Hammond - No Money Down
18 - The Count Bishops - Beautiful Delilah
19 - Carlos Santana - Havana Moon
20 - MC5 - Back In The USA
21 - Sleepy LaBeef - You Can't Catch Me
22 - John Prine - You Never Can Tell
23 - Dwight Yoakam - Run Rudolph Run
24 - Dave Edmunds - The Promised Land
MP3 (320 kbps) + front cover
COOL 13


mercredi 22 mars 2017

MEMORABILIA : La Naissance de la minijupe


Quelle époque ! Pendant que les cheveux des garçons s'allongeaient, les jupes des filles raccourcissaient - et tout ce charivari sous un déluge incessant de chansons extraordinaires. En 1962, Mary Quant, une jeune styliste autodidacte, proposera son premier modèle de minijupe (ainsi nommée en référence à sa voiture préférée) chez Bazaar, une boutique située sur King's road, dans le quartier londonien de Chelsea (à quelques pas, donc, ou Vivienne Westwood et Malcom McLaren ouvriraient leur échoppe quelques quinze ans plus tard). Elle racontera que la toute première jupe rase-pets fut confectionnée pour son usage personnel avant qu'elle ne la reproduise pour une poignée d'amies qui trouvaient amusant et provocant de dévoiler leurs jambes. L'idée lui serait venue après avoir découvert les courtes robes de plages à Saint-Tropez. Mary Quant intégrera la minijupe à sa collection en 1965. Le succès sera immédiat auprès de la jeunesse du Swinging London, puis dans tout le monde occidental grâce, en partie, à une photo, jugée scandaleuse, de la sublime Jean Shrimpton à la Melbourne Cup en Australie. 
Jimmy JIMI [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]











mardi 21 mars 2017

TAMARA LUKASHEVA ~ Patchwork Of Time [2016]


Mon envie de jouer les entremetteurs entre ma russophilie et ma jazzophilie a déjà provoqué quelques très belles découvertes, comme ces émouvants enregistrements resurgis du fond des âges, premier volume, déniché dans un aéroport moscovite, d’une anthologie du jazz soviétique semble t-il jamais poursuivie par la mythique firme Melodiya. Ou encore la stupéfiante anthologie Golden years of Soviet New Jazz publiée par Leo Records, ample comme le lit et puissante comme le flot de la Volga, révélation d’une créativité bouillonnante contenue dans une semi-clandestinité, au tournant des années 80, dans une U.R.S.S. qui n’avait plus qu’une décennie à vivre et ne le savait pas. Et tout récemment la jeune et très prometteuse saxophoniste Victoria Mozalevskaya. J’ai pu aussi croiser, lors de mes pérégrinations mélomaniaques, des dames s’exerçant à l’art subtil du jazz vocal (et donc fortement désirables) sur les bords de la Neva ou ceux de la Moskova. Autant d’aventures sans lendemain, faute selon mon goût d’une personnalité assez marquante (je ne citerai point de nom, pour ne pas fâcher). Jusqu’à ce qu’apparaisse Tamara Lukasheva. Elle est Ukrainienne certes, pas Russe. Mais beaucoup là-bas vous diront que l’Ukraine et la Russie c’est la même chose, ou presque. Au point de ne pas même se sentir obligés de s’excuser d’essuyer leurs bottes (et leurs mains) sales sur le Donbass et la Crimée. Reconnaissons leur une indéniable proximité politique et culturelle (le premier état russe n’a t-il pas été fondé à Kiev ?) et parlons un peu de jazz… Tamara Lukasheva donc, qui vient de quelque part, de l’Est, et donne à l’entendre. Elle chante en anglais (avec, parfois, une délicieuse pointe d’accent slave), en allemand (sa langue d’adoption, car la vie d’une chanteuse de jazz en Ukraine ne doit pas être si facile), mais aussi dans sa langue natale. Un seul standard, placé en ouverture, pour solder peut-être la question de l’héritage et annoncer la couleur, ou plutôt hisser les couleurs d’un jazz qu’elle et ses musiciens façonnent en un patchwork temporel, puisque la musique est aussi la mise en couleur du temps. Un jazz qui se souvient de ses origines, ignore la nostalgie et ne vit que de sa permanente réinvention. Le jazz, en somme. Je ne sais et ne veut pas vous en dire plus. Aux curieux, j’ai envie de réserver la fraîcheur d’une très belle surprise…
AREWENOTMEN? [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]



01 - Alone Together
02 - Rada
03 - Berdovichko [Feat. Shannon Barnett]
04 - Ich Weiss Nicht
05 - Nicht Film Musik [Feat. Liora Rips]
06 - Gockl Am Hof [Feat. Liora Rips]
07 - Integration
08 - A Patchwork Of Time
09 - Sirii Gusi
10 - Dark Waters
11 - Song For Mama And Papa [Feat. Shannon Barnett]
12 - Sag Deiner Sonne
MP3 (320 kbps) + front cover


lundi 20 mars 2017

RICHARD AND LINDA THOMPSON ~ I Want To See The Bright Lights Tonight [1974]


Un disque très drôle pour se pendre, enregistré par un jeune homme qui vient de se marier. Richard Thompson quitte Fairport Convention après trois disques illuminés par Sandy Denny (ceux qui n’ont jamais entendu leur reprise de I’ll keep it with mine n’auront pas perdu leur journée). Sans écurie fixe, il cachetonne pour des inconnus, Nick Drake, John Martyn, etc. Il livre un premier album solo remarquable : la pire vente de l’histoire de la Warner. Survient la rencontre avec Linda, elle possède un timbre désincarné, lui des chansons totalement déprimantes et cyniques, le contrat de mariage est prometteur. Leur premier album en commun est aujourd’hui considéré comme le chef-d’oeuvre de Thompson (c’est vrai et faux : il en a une dizaine d’autres). Dès les premières notes de guitare électrique, ces drones tendus, il se passe quelque chose. Personne ne joue comme ça. Les bras de James Burton greffés par erreur sur une cornemuse. Le disque s’ouvre, on arrive à la frontière, on ne reviendra probablement pas, Winterreise, après moi le déluge. Premier arrêt, une croix du calvaire : passée l’introduction inouïe, la batterie escargot évoque une fois de plus la fin du monde (voir Mother de John Lennon). Le folklore anglais, avec ses histoires sanglantes, ses coucheries ambiguës entre fées et nobliaux enchante Thompson depuis tout petit, mais le pays s’en fiche : peut-on imaginer plus triste hymne national que Withered and died ? Il reste l’option de se saouler à mort avec la chanson titre. Dieu ment, pas la bouteille : Down where the drunkards roll évoque un paradis liquide, pas loin du Gin Lane de Hogarth, un quai où le moindre assassin peut se prendre pour le Christ avec quelques pièces. Viennent les retrouvailles en famille, une fois par an, pour oublier les rancœurs et la mort. La solitude du samedi soir. Puis The End of the rainbow, cette chanson impensable où le père se penche sur le berceau du nouveau né pour lui révéler ce qui l’attend : rien, ou pire encore. Richard, roi des spoilers. Conclusion logique, l’image du funambule Valerio qui marche sur un fil, l’oeil rivé sur l’autre bord, prêt à s’écrouler devant la foule qui n’attend que ça. Le grand disque est dans les détails : les questions/réponses au douanier à la fin de When I get to the border, les claquettes de la Beggar girl, les cuivres mis au clou de la chanson titre, les chœurs gospel zombies de Calvary cross. Et, partout, un rire que personne n’a mixé en avant. La voix de Linda évite les acrobaties envahissantes du chant celtique, tout est retenu, pur. Un détachement d’une grande tendresse même si l'odeur dominante est le cimetière : on sort d'une écoute complètement sonné. Sinon, il paraît que Richard Thompson joue aussi de la guitare.
Ernesto VIOLIN [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]



01 - When I Get To The Border
02 - The Calvary Cross
03 - Withered And Died
04 - I Want To See The Bright Lights Tonight
05 - Down Where The Drunkards Roll
06 - We Sing Hallelujah
07 - Has He Got A Friend For Me
08 - The Little Beggar Girl
09 - The End Of The Rainbow
10 - The Great Valerio
11 - I Want To See The Bright Lights Tonight (Live) [Bonus Track]
12 - Together Again (Live) [Bonus Track]
13 - The Calvary Cross (Live) [Bonus Track]
MP3 (320 kbps) + artwork
COOL 11