Mon envie de jouer les entremetteurs entre ma russophilie et ma jazzophilie a déjà provoqué quelques très belles découvertes, comme ces émouvants enregistrements resurgis du fond des âges, premier volume, déniché dans un aéroport moscovite, d’une anthologie du jazz soviétique semble t-il jamais poursuivie par la mythique firme Melodiya. Ou encore la stupéfiante anthologie Golden years of Soviet New Jazz publiée par Leo Records, ample comme le lit et puissante comme le flot de la Volga, révélation d’une créativité bouillonnante contenue dans une semi-clandestinité, au tournant des années 80, dans une U.R.S.S. qui n’avait plus qu’une décennie à vivre et ne le savait pas. Et tout récemment la jeune et très prometteuse saxophoniste Victoria Mozalevskaya. J’ai pu aussi croiser, lors de mes pérégrinations mélomaniaques, des dames s’exerçant à l’art subtil du jazz vocal (et donc fortement désirables) sur les bords de la Neva ou ceux de la Moskova. Autant d’aventures sans lendemain, faute selon mon goût d’une personnalité assez marquante (je ne citerai point de nom, pour ne pas fâcher). Jusqu’à ce qu’apparaisse Tamara Lukasheva. Elle est Ukrainienne certes, pas Russe. Mais beaucoup là-bas vous diront que l’Ukraine et la Russie c’est la même chose, ou presque. Au point de ne pas même se sentir obligés de s’excuser d’essuyer leurs bottes (et leurs mains) sales sur le Donbass et la Crimée. Reconnaissons leur une indéniable proximité politique et culturelle (le premier état russe n’a t-il pas été fondé à Kiev ?) et parlons un peu de jazz… Tamara Lukasheva donc, qui vient de quelque part, de l’Est, et donne à l’entendre. Elle chante en anglais (avec, parfois, une délicieuse pointe d’accent slave), en allemand (sa langue d’adoption, car la vie d’une chanteuse de jazz en Ukraine ne doit pas être si facile), mais aussi dans sa langue natale. Un seul standard, placé en ouverture, pour solder peut-être la question de l’héritage et annoncer la couleur, ou plutôt hisser les couleurs d’un jazz qu’elle et ses musiciens façonnent en un patchwork temporel, puisque la musique est aussi la mise en couleur du temps. Un jazz qui se souvient de ses origines, ignore la nostalgie et ne vit que de sa permanente réinvention. Le jazz, en somme. Je ne sais et ne veut pas vous en dire plus. Aux curieux, j’ai envie de réserver la fraîcheur d’une très belle surprise…
AREWENOTMEN? [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]
AREWENOTMEN? [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]
01 - Alone Together
02 - Rada
03 - Berdovichko [Feat. Shannon Barnett]
04 - Ich Weiss Nicht
05 - Nicht Film Musik [Feat. Liora Rips]
06 - Gockl Am Hof [Feat. Liora Rips]
07 - Integration
08 - A Patchwork Of Time
09 - Sirii Gusi
10 - Dark Waters
11 - Song For Mama And Papa [Feat. Shannon Barnett]
12 - Sag Deiner Sonne
MP3 (320 kbps) + front cover
Bolchoie spasibo, Arewenotmen.
RépondreSupprimerNie za chto,Tovarich Zocalo !
RépondreSupprimerEt pour ceux qui s'en souviennent encore, il s'agit de "Ladies sing the jazz" #23. #24 on the way ?
RépondreSupprimerJe n'ai pas pris soin de le préciser car ça n'avait plus beaucoup de sens à cause du changement de blog.
SupprimerA mon sens, cet album aurait mérité de paraître sous intitulé Tamara Lukasheva Quartet car il y a un véritable travail de groupe. Sinon, il s'agit d'un vrai beau disque qui sait alterner les climats et où les musiciens ont multiplié les prises de risques pour nous sortir de la routine de la jolie chanteuse qui déroule dans un joli petit univers propret comme on en entend un peu trop souvent. Merci pour la découverte.
RépondreSupprimerJe ne peux que souligner la pertinence de ton commentaire Jimmy...
RépondreSupprimerOui, je suis connu pour ça!
SupprimerEt pour avoir les chevilles qui enflent!
SupprimerEn fait, c'est pour gonfler les chiffres car, malheureusement, le jazz ne fait pas toujours recette sur ce blog (enfin, sur les précédents).
SupprimerMerci pour ton soutien Jimmy... (et accessoirement un message de plus 😉 !).
SupprimerJ'avais fais un effort en choisissant une photo en mini, on ne sais jamais!
Supprimersalut, j'aime, j'adore le jazz, je n'ai rien du tout contre la culture et la musique russe (pour tout dire j'ai un projet qui sommeille dans un carton en rapport avec la russie) et j'aimerais parler russe ! du coup ça me botte ton histoire là !!
RépondreSupprimerseulement, le rythme du blog et élevé (nan ?! dingue !) du coup je suis à la bourre en terme d'écoute mais... je reviendrais donner un avis sur le contenu dès l'écoute dûment effectuée :)
Demain, ce sera presque jour de relâche, il n'y en aura que pour les yeux: une petite mignardise pour fêter l'arrivée du printemps (enfin!).
SupprimerJe n'ai rien contre le jazz moi aussi. Juste j'ai un méchant a priori sur le jazz chante pas par des lady noirs... Mais présenté avec de tels mots par une personne de confiance comme c'est le cas ici, je veux bien laisser sa chance à cette dame ukrainienne (les ukrainiens n'apprécient pas tous les russes, mais ça va juste parce qu'ils ne sont pas polonais).
RépondreSupprimerJe confirme que le jazz n'est pas toujours très bien accueilli, ici ou ailleurs. C'est une musique exigeante, mais qui est en perpétuel mouvement. C'est le lieu de toutes les expériences, les plus réussies comme les plus vaines. J'ai plein de projets dans ce sens. Ce disque, pour en revenir à lui, est absolument passionnant. Il démontre que cette musique est totalement universelle.
RépondreSupprimerL'intro de Rada !!... (et tout le morceau, en fait)
RépondreSupprimerQuelques uns ont découvert et apprécié... donc moi content ! Nous attendons la suite avec gourmandise et impatience...
RépondreSupprimerEt je suis certain que de nouvelles fragrances vont se développer au fil des écoutes.
SupprimerApprécié, c'est vrai, alors que ce n'est pas du tout un domaine vers lequel je vais naturellement. Merci pour la découverte !
Supprimerme revoilou :)
RépondreSupprimerje ne sais pas pourquoi je m'attendais à une sensibilité russe plus marquée, du coup je me suis dit que je ne devais m'attendre à rien ^^
et je fus agréablement surpris, déjà je suis parvenu à écouter alone together en entier (j'adore tellement la version de chet que rare sont celles que je ne compare pas à cette dernière)... ensuite, je me suis dit que ça irait plutôt du côté "leila martial" (que j'apprécie énormément) et finalement ça reste dans uen veine plus "classique" (vaughan, holliday, washington...) enfin c'est comme ça que je l'ai perçu et ce fut une belle surprise, parce qu'on sent cette sensibilité mais sans pour autant chercher à "faire pareil" ou à "faire revivre" nous sommes vraiment dans la continuité je trouve (et non dans le passéisme), merci pour la découverte