"Alright, tchick-a-tchick-tchick-tchick."
J’ai
l’impression que cette année les pépites tombent du ciel (si vous
voulez la liste il suffit de la demander) et qu’Yggdra a raison : à ce
rythme-là on va jamais y arriver, surtout si TJW s’y met. D’un
côté ça m’arrange, flemmard comme je suis ça me donne une excuse pour
pas m’étaler dans ces parages : "je sais pas quoi choisir, je sais pas
par où commencer." Du
coup si l’idée c’est de rendre service (un crédo chez moi) le mieux
c’est de pas vous emmerder trop longtemps. 33 minutes, c’est la durée de
ce disque, voyez, ça sera pas long (le dernier Ron Gallo que j’écoute à
l’instant culmine à 35 ça fait déjà trop). Et la dernière fois qu’un
disque faisait 33 minutes vous ne vous en souvenez même plus mais
c’était un 33T (haha!), soit de JJ Cale soit des faux-frangins
Ramoneurs. Tentant serait le raccourci suivant et vous l’attendez au
tournant : "et justement, si on croisait l’un avec les autres"… que
dalle, n’y comptez pas ! Pas
non plus de temps à perdre à analyser la production ou la richesse de
l’instrumentation là y a qu’une voix et une guitare, autant dire que
c’est du frugal. Enfin non, y a aussi une trompette. C’est avec sa
bouche qu’il fait la trompette mais on s’y croirait. Ah, la chambre
d’écho aussi il la fait très bien, mais comment vous dire, mais comment
vous dire, j’aurais du mal à la décrire, j’aurais du mal à la décrire. Ben
Vaughn est un drôle de lascar, ses morceaux les plus guillerets sont
parfois les plus noirs, et vice-versa, et derrière la légèreté d’un
couplet vous reviendra la férocité, souvent auto-dirigée, du propos. Le
plus fort étant que ça sautera aux oreilles de tous, même ceux peu roués
aux subtilités de la langue de Shakespeare (dont il paraît qu’elle
était pâteuse tous les matins vu qu’il se torchait la gueule tous les
soirs, mais c’est une autre histoire). Les textes de Ben Vaughn sont
d’une accessibilité déconcertante, il suffit d’un minimum d’attention
pour tout capter, et croyez-moi la récompense est au bout de l’effort.
Goûtez-moi donc ce florilège miraculeux de fausse naïveté, de
douce-amertume, d’humour décalé, de bonne humeur malgré tout et de
culture rock’n’rollienne profonde. Cette culture se glissera en douce,
sans ostentation aucune, au détour de petites phrases ou dans le titre
même de certaines chansons de cet Imitation grain and other folk songs
qui, comme sa pochette et son titre en témoignent, ressemble à une
petite récréation que l’ami Ben (ça c’est de la formule !) se serait
accordée entre ses activités multiples et variées que je vous laisserai
découvrir ailleurs si ça vous intéresse. Sachez juste qu’il diffuse une
émission radio hebdomadaire, pas de tabouret dans le studio parce
qu’"assis tu peux pas danser", compose des génériques Ciné-TV, produit
d’autres artistes, a enregistré des disques tout seul dans sa voiture ou
dans le désert, avec différents groupes, et même avec Kim Fowley ou
Chilton & Vega (si-si!), ça c’est pour le boulot, et possède Metal machine music en cartouche 8 pistes pour l’écouter dans sa voiture, ça
c’est pour la culture (et en plus ça rime). De mon côté, dès le jour où
j’ai acheté Blows your mind (c’était un 33T qui durait plus de 33
mn), juste parce que j’en trouvais le nom du mec et la pochette géniaux,
je me suis décrété Plus Grand Fan du Monde de Ben Vaughn, en accord
avec moi-même. C’est un peu prétentieux mais c’est pas grave, à part
vous personne n’est au courant. Depuis
ce jour de 1988 jamais le loustic ne m’a déçu. Certes il faut parfois
batailler ferme pour trouver ses enregistrements, ou compter sur le
hasard, mais le résultat en vaut toujours la peine, comme l’effort cité
plus haut. On n’a rien sans rien. Imitation wood grain, bien qu’un peu à
part dans sa discographie, m’a transporté dès la première mesure dans
cet univers dans lequel je me sens comme chez moi, si ce n’est que chez
moi y a des tabourets. Pourtant l’exercice du disque acoustique
ultra-dépouillé c’est casse-gueule (sauf quand on s’appelle, au hasard,
Tony Joe) et le résultat oppose régulièrement l’attitude : "il est
génial ce disque", au comportement : "je ne l’écoute jamais". Moi
j’ai un truc si je veux pas me mentir, je jette un coup d’œil au
compteur iTunes. Alors certes Jurado écrase la concurrence mais au
milieu d’une cuvée 2018 d’une richesse étonnante (si vous voulez la
liste etc.) ce Ben Vaughn… bah ce Ben Vaughn je l’écoute tout le temps
quoi. Et chaque fois que je l’écoute, devinez quoi : il Blows my mind. Conclusion pourrie, c’était juste pour voir si vous suiviez.
Everett W. GILLES [Please take some time and leave a comment !]
01 - When Love Returns
02 - People It's Bad
03 - Meanwhile (Back In The Jungle)
04 - Look What The Cat Dragged In
05 - Imitation Wood Grain
06 - Rock Bottom
07 - Rain Songs
08 - Echo Chamber Blues
09 - Somebody Don't Love Somebody
10 - Apropos Of Nothing
MP3 (320 kbps) + front cover