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vendredi 9 mars 2018

SUPERGRASS ~ Road To Rouen [2005]


"But I just can’t get my head around what you want."
J’ai craqué en 2015 sur un album a-priori improbable mais l’a-priori et l’improbable étant deux des principales mamelles de la mauvaise foi j’aime autant vous dire que je me suis senti à l’aise. En 2013 déjà ça m’était arrivé, ainsi qu’un incalculable nombre d’autres fois mais comme elles n’entrent pas dans le plan soigneusement préétabli de ce texte on en restera là. Pour être plus précis (il faut toujours être précis) The Argument (2013) de Grant Hart me fut beaucoup plus inchroniquable qu’improbable. Pour Matador (2015) de Gaz Coombes (ce nom !) c’est clair net et précis, les deux cases sont cochées. "Mais quel est leur point commun ?" me direz-vous : "ah bon parce qu’il en faut un ?" vous répondrai-je. Si ce n’est que les deux loustics œuvrèrent chacun dans une formation qui m’a toujours fasciné, le power-trio, et en l’occurrence deux groupes plutôt sous-estimés, chacun à sa façon. On va passer sur Hüsker Dü, ça m’évitera le reproche de mono-maniaquerie, certes il ne me gêne pas plus que l’a-priori improbable mais ça me fera gagner du temps. Supergrass, donc, nous y voilà. Lors de l’établissement de la trame de ce texte, car 2018 sera sérieuse ou ne sera pas, j’ai envisagé des axes, tiré des traits, établi des chapitres et sous-chapitre et clairement déterminé qu’entre 1995 et 2015 le milieu serait un choix cohérent, il faut toujours être cohérent et éviter le pire, à savoir paraître décousu, cette sale manie qui constitue le meilleur moyen pour perdre ses lecteurs. En 2005 sortit ce que certains, dont je n’ai pas les noms, considèrent comme le chef-d’œuvre du groupe, astucieusement nommé et à plus d’un titre, vous demanderez à Joey Ramone d’un côté et à votre prof d’anglais de sixième de l’autre (requêtes théoriques, on est d’accord), Road to Rouen. J’aurais pu, j’aurais du choisir 1995, année-phare de la Brit-pop qui accoucha de cet astre qui illuminera l’histoire de notre musique pendant des décennies encore, vous l’avez compris je veux bien sûr parler de (What’s the story) morning glory? Hahahaaaaarrrrr !!! J’y pense, un jour quand j’aurai le temps faudra que je vous parle de ce bar à Glasgow qui fait open-mic le dimanche et qui a établi quelques règles (j’ai gardé le flyer qui en témoigne), je vous en livre deux en VO : "free drinks for the bands playing", "free kicking for those playing Wonderwall". Non mais en fait j’ai le temps, allons-y : alors c’est un bar à Glasgow qui… euh merde, désolé. Ah si, c’est aussi là que j’ai découvert la Punk de chez Brewdog, le créateur en est un sacré loustic je vous laisse fouiller. Ils font aussi la Hardcore chez Brewdog, elle est plus forte et plus adaptée aux fans de Hüsker Dü j’imagine. Je sais que Charlu préfère les bières épaisses, 15° mini, genre chocolat chaud, mais ce mec-là n’est pas comme nous. Bon j’arrête, je sais c’est malvenu de ma part mais je vous propose de redevenir sérieux deux minutes. I Should coco (1995) est la vraie perle (ici se cache un jeu de mots, sauras-tu le trouver si tu es allergique au gluten ?) de l’année et tient une place à part dans ma discothèque : trois tronches de branleurs ultimes, un chanteur-compositeur-guitariste inspiré et sobre (en tout cas avec sa guitare, c’est là que je trouve régulièrement mes génies, dans une rythmique sobre et inspirée) et une multitude d’influences revendiquées, quelles qu’elles soient, sans distinction de bon ou mauvais goût, le résultat est tout bonnement incroyable, drôle, varié, authentique et rafraîchissant. Et sous-estimé, j’y reviens, non pas en terme de succès mais sans doute en terme de brillance et d’Importance avec un grand I. Pour moi tout au moins. En effet ce fut à sa sortie un cadeau de mon fils pour mon anniversaire. Il avait beau être immergé malgré lui depuis sa naissance dans une certaine musique j’avais été très agréablement surpris, merde il n’avait que neuf ans et YouTube n’existait pas ! Tout ça pour dire que j’en avais des choses à écrire sur I Should coco et que sans ce putain de schéma préétabli que désormais j’utiliserai avant l’écriture de chaque chronique, car 2018 sera sérieuse ou ne sera pas, hé ben j’aurais pas à m’emmerder à chercher à trouver des arguments pour vous convaincre d’écouter, sans a-priori aucun (les a-priori c’est un truc de branleurs), Road to Rouen, le Chef-d’Œuvre de Supergrass. Le coup du chef- d’œuvre en tout cas c’est sûr ça suffira pas. Le coup du power-trio non plus, je crois bien que le frangin de Gaz tient les claviers sur ce disque, ça fait qu’ils sont quatre. Bon ben tant pis, je sais que je devrais pas mais je vais vous faire confiance et je me dis que si vous avez tenu jusqu’ici vous vous laisserez volontiers, ça coûte rien, griser par le groove paresseux de Tales of endurance, pts. 4,5 & 6 le premier morceau de ce disque qui dans son ensemble ressemble autant à rien qu’à tout ce que vous connaissez déjà et aimez/détestez, à un moment j’ai même cru y percevoir un peu de variét’ Elton-John-Style mais même pas peur (vous pouvez vérifier, c’est écrit pus haut : "multitude d’influences revendiquées, etc."). Ce premier morceau, c’est somme toute logique ici, ne ressemble absolument pas au suivant qui lui ne ressemblera pas vraiment au suivant qui… vous avez saisi. A-priori impossible donc d’atteindre le résultat que vous avez entre les oreilles, au bout du compte : l’homogénéité rare d’un disque qui file tout seul, on nage en plein bonheur, à peine dérangé par l’orgasme que déclenchera immanquablement Kick in the teeth (je suis personnellement capable de l’atteindre, euh… l’écouter plusieurs fois d’affilée) Mais si les a-priori c’est pour les branleurs, le génie aussi. Restera la question suivante, car oui je connais mon monde : "après nous avoir bassiné avec tout ça, comment qualifier d’improbable Matador, le premier disque solo de Gaz Coombes ?" Je sais pas, j’y ai pas encore réfléchi et j’ai un texte à finir. Me voilà donc au terme du projet que je m’étais fixé, vous parler de Supergrass et plus précisément (toujours cette importance d’être précis) de Road to Rouen de manière constructive, éclairée et carrée. Vient le temps de la relecture et des vérifications d’usage. J’appelle donc mon fils au téléphone (WhatsApp en fait, il est au Canada et on n’est plus en 1995), tout fier, et lui relate par le menu ce que je viens de vous infliger. Un blanc… "Tu te fous de ma gueule ?" me dit-il. En fait, pas exactement, mon fils est bien plus cool, posé et poli que moi, mais c’est le sens. "Le disque dont tu me parles c’est toi qui me l’as offert en me disant que c’était super cool et parfaitement adapté aux oreilles du gamin de neuf ans que j’étais, et franchement t’avais par tort." En substance. "…par contre quand je voulais l’écouter il fallait que je descende le chercher dans TA pile de disques. Je les connais tes cadeaux." Héééé merde…
Everett W. GILLES [Vous pendrez bien le temps d’un petit commentaire !]


01 - Tales Of Endurance, Pts. 4, 5 & 6
02 - St. Petersburg
03 - Sad Girl
04 - Roxy
05 - Coffee In The Pot
06 - Road To Rouen
07 - Kick In The Teeth
08 - Low C
09 - Fin
MP3 (320 kbps) + Cover + Pix ’95 ’05 & ’15