Commençons par les choses qui fâchent. Je sais que je suis souvent très sévère, mais n'allez pas vous imaginer que c'est de gaîté de cœur... Après un premier essai auto-produit (Forest parade (2003)) plus que prometteur, Alela Diane toucha les cimes du grandiose avec ce Pirate's gospel (d'abord paru en auto-production avant de changer de pochette, d'être agrémenté d'une poignée de titres et de se voir offrir une distribution digne de ce nom). Si j'ai bien tout compris, la demoiselle ne se trouvant pas suffisamment géniale, elle prit des cours de chant et de guitare (et sans doute aussi de mode pour apprendre à se coiffer, se maquiller, s'habiller, rentrer dans les bonnes cases). Si la suite de cette merveilleuse aventure n'est jamais nulle, elle s'avère toujours plus policée, pour ne pas dire ennuyeuse. Oublions tout ça et replongeons nous dans ce chef-d’œuvre brut d'émotion... J'adore ne rien comprendre ! Depuis ma tendre jeunesse, j'ai écouté des centaines de filles chantant magnifiquement en s’accompagnant tout aussi joliment de leur seule petite guitare. Comment se fait-il que certaines parviennent encore à m'émouvoir jusqu'aux larmes avec une telle épure ? Je crois que la magie de ce disque provient essentiellement d'une étrange complication : sa voix est chargée d'innocence, mais elle paraît, aussi, voilée d'une sorte d'arrogance, comme si elle était trop grande pour elle, comme si Amy Winehouse s'était glissée dans le corps d'une jeune vierge ! En le réécoutant, ce matin, j'ai retrouvé intactes les émotions qui m'avaient tant bouleversées, il y a déjà dix ans. Avec ce disque bonus, j'étais au bord de la liquéfaction en arrivant au boulot ! Alela raconta qu'elle savait à peine jouer de la guitare, à l'époque. Cela participe aussi grandement à la réussite de cette merveille. Comme elle manquait de savoir et de technique, il lui fallait fouiller les moindres recoins de son imagination et ne pas lésiner sur l'émotion. On dit, parfois, que des albums sont enregistrés avec trois fois rien; ne pourrait-on dire que celui-ci a été enregistré avec trois fois tout ?! Ce qu'Alela a gagné en savoir faire, elle l'a perdu en pureté - et je crains que cela ne se retrouve jamais. Consolons-nous avec cette nouvelle édition à peine traumatisante !
Jimmy JIMI [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]
CD1 :
01 - Tired Feet
02 - The Rifle
03 - The Pirate's Gospel
04 - Foreign Tongue
05 - Can You Blame The Sky
06 - Something's Gone Awry
07 - Pieces Of String
08 - Clickity Clack
09 - Sister Self
10 - Pigeon Song
11 - Oh! My Mama
CD2 :
01 - Heavy Walls
02 - Gypsy Eyes
03 - Laundromat Lady
04 - Pink Roses
05 - Tired Feet [Alternate Take]
06 - Blackberry
07 - Fay Clark
08 - Golden
09 - Mind Yourself
10 - Silent Slam
MP3 (320 kbps) + front cover
Pirate's Gospel, chef d'œuvre ? Sans conteste, OUI ! Mais qui peut m'expliquer d'où sortent les morceaux supplémentaires !
RépondreSupprimerLes artistes enregistrent souvent davantage de chansons qu'ils n'en conservent pour l'album. C'est ainsi que les Stones (pour citer un exemple bien connu) purent continuer à sortir des disques, alors qu'ils étaient en panne totale de créativité.
SupprimerOui, je connaissais le principe, mais pourquoi sortir aujourd'hui des chansons qui n'avaient pas été gardée il y a 10 ans ?
SupprimerNe me dis pas que c'est encore une vilaine histoire de fric !!!!! :-)
Cela ne me dérange pas qu'il y ai des histoire de fric (surtout quand je ne paie pas!) si c'est bon et, là, je trouve que c'est fameux.
SupprimerEssayons voir...
RépondreSupprimerN'est-ce pas ce que tu m'avais déjà écrit à l'époque de la version originale ?!
SupprimerJe ne m'en souviens plus ! Bon, je rééssaye quand même...
SupprimerJe taquinais. Tu fais bien, tu devrais être emporté dès le premier couplet de la chanson d'ouverture.
SupprimerOuf ! Ca me rassure un peu sur mon niveau dz sénilité...C'est qu'il faut que je dure, moi !
Supprimer"3 * tout" J'aime la formule, et ayant l'album je pensais m'en passer, ta chronique passant par là, je change de décision. Gracias
RépondreSupprimerCe n'est qu'un avis personnel, mais je pense que les fonds de tiroir de cette époque valent largement mieux que ses derniers efforts...
Supprimer"Largement Mieux" je te retrouve bien là, tu as raison en référence, du coup cela incite à ne pas écouter ce qu'elle a fait ensuite. Dommage quand même, j'avais beaucoup aimé le suivant et aussi son album de reprise de Nick Cave (entre autre), du coup je la suis régulièrement, mais, comme Cat Power, le temps me manque pour faire preuve d'assiduité. Du coup pour me donner raison (car pas sûr de moi, c'est loin 2009) je me refais "To Be Sill" "The SIlence Of Love" qui me sont quand même familiers et ensuite les "bonus" de ton post... En résumé sa voix me charme et ça, ça me suffit souvent et même amplement.
SupprimerC'est vrai que les reprises étaient biens et j'aime aussi son disque avec Mariee Sioux, mais je trouve quand même qu'elle a perdu ce timbre de voix si original qu'elle a, ici.
SupprimerJ'avoue... C'est vrai. J'avais déjà oublié combien la pochette me mettait dans un drôle d'état. Un truc sans âge. Je me souviens d'un album de Karen Dalton "In My Own Time" qui m'avait fait fouiller sur le web des photos de lieux oubliés, en noir et blanc, histoire d'appuyer cet aspect fantomatique. Je trouve pas le terme, voix fragile mais aussi un peu angoissante? Angoissée? Non, c'est pas encore ça. Les bonus sont superbes.
SupprimerDans un genre pas si éloigné, je ne sais pas si tu avais essayé l'album de ma petite chouchoute: Janne Hea, une Norvégienne qui donne dans un folk vaguement irlandais, avec un guitariste et une violoniste. C'est ton histoire de pochette qui m'y a fait penser (album "Wishing well")...
SupprimerAprès vérification, j'ai retrouvé ton message : "Au bureau ce lundi. Irlande, un titre d'album qui m'évoque une chanson soul... Une pochette plutôt angoissante. Bon chargé et à l'écoute si les circonstances le permettent." J'avais relancé l'affaire un peu plus tard, mais tu n'étais pas intervenu, donc j'ignore si tu l'as écouté. Aujourd'hui, les circonstances le permettent car on est en plein dans l'ambiance!
SupprimerTu as bien fait, 2014... tudieu, déjà. Mais les circonstances enfin se prêtent à une écoute que je n'ai pas faite depuis mon message (j'avais gardé le lien dans mon fichier et ta chronique en entier, une habitude maintenant, histoire de retrouver l'enthousiasme incitatif.
SupprimerDonc je suis passé à janne. Comme je suis en pleine pénétration (malheureux le terme) du genre folk féminin je suis pleinement réceptif. J'alterne Janne et Alela, Le chant de Janne apaise le spleen de Alela. Merci pour ces échanges, sympas.
Je voudrais ajouter un point qui a son importance: à l'exception de Ernesto Violin (mais il participait déjà au blog), Janne fut la seule artiste a laisser un commentaire sur son propre disque: "Thank you for all the nice comments! (I think... Google translate is just not that good.) and for pointing out that I'm not a supermodel. That was one of the highlights I must say. :)" Si c'est pas beau, ça!
SupprimerOn ressent l'émotion dont tu parles, c'est certain.
RépondreSupprimerEt puisque tu nous y invites je n'irai pas plus loin que ce Pirate's Gospel, promis je n'écouterai pas les autres.
Les disques faits avec trois fois rien ... depuis le temps que je vous dis que les producteurs et tout le tintouin ça sert (parfois) à rien !
1ere affirmation? Bien
Supprimer2eme? Tsss tsss
3eme? Tsss tsss tsss
T'as raison, je retire le (parfois) !
SupprimerJe suis passé un peu à côté à l'époque , je vais redécouvrir. Merçi
RépondreSupprimerIl paraît qu'il n'est jamais trop tard.
SupprimerVoilà ! c'est exactement l'une des raisons pour lesquels j'apprécie JJ et les gens qui se promènent ici... je n'aime pas cet album. J'veux dire, ça ne passe pas... la dernière fois je parlais de groupes comme les who avec lesquels j'ai également du même et JJ me disait "on ne peut pas tout aimer". Mais en fait, les who (et d'autres, c'est juste le premier qui me vient à l'esprit) je ne comprends pas l'engouement autour. Vous allez me dire que je n'ai pas grandi avec, vous n'avez pas tort mais si on pouvait arrêter de parler de ma taille ça m'arrangerait, ensuite je n'ai pas connu les doors dans ma jeunesse non plus mais je l'apprécie (alors, là aussi le nom est pris au hasard)... et puis à ce compte là personne ne pourrait aimer mozart. La question de la génération me semble compter (faut pas déconner)mais au moins autant que la question des souvenirs (les vrais et les reconstruits mais là, je sens que si je cause de ça, j'vais digresser sévère). Bref, mon vécu fait que je peux écouter les who (encore heureux), je peux même les apprécier mais ça ne me bouleverse pas et comme je n'ai pas accès au bouleversement social qui va avec ben je ne m'y intéresse pas vraiment. Il en va tout autrement pour l'album du jour (oui, je n'ai pas oublié le propos de ce looooooooooong message) parce que là tout est réuni pour que j'aime, notamment l'absence (oui, on peut réunir de l'absence ^^ ) d'engouement populaire... il y a la possibilité d'une découverte personnelle, découverte portée par les avis des uns et des autres que j'apprécie (oui, non mais on dirait que je fais de la logorrhée dans le vide à chaque mais je prends surtout du plaisir à flâner musicalement en votre compagnie... bref, j'en fais pas trop, sinon vous allez plus pouvoir rentrer vos tête dans vos chevilles... ou un truc du genre) donc tout est réuni et... rien n'arrive.logiquement je devrais me dire "pas grave" (je me le dis hein) ou je devrais chercher des arguments pour "justifier" mon choix (plutôt que de vous faire un pavé de pseudo-débunkage mécaniste). Mais non... en fait, en écoutant ce disque me passer au-dessus je me dis "je retenterais peut-être un jour" mais aussi "je suis content de l'avoir écouté" tout bonnement parce que ça prouve que mon esprit critique n'est pas parti aux fraises (et pourtant j'aime les fraies mais bon en novembre... ça devient tendu d'en dégotter) de fait ce que je retiens c'est que j'attends les posts de ce blog en étant curieux et sur le qui-vive... et... les enfants (je dois être le plus jeune ou pas loin ici ^^ ), j' peux vous dire que ça fait un bien fou !
RépondreSupprimerYgg
Il existe des tas de choses qui peuvent aider à aimer un disque, l'avoir connu à l'époque de sa sortie en est une, mais ça ne fait pas tout - fort heureusement. De même, il existe des tas de choses (généralement plus fines) qui peuvent nous amener à ne pas l'aimer. Souvent, il arrive qu'on ne comprenne même pas pourquoi. Cela semble être le cas, ici. Je pourrais multiplier les arguments que ça ne changerait rien. Espérons seulement que ça ne se reproduise pas trop souvent!
Supprimeren fait ce qui importe c'est de pouvoir découvrir et partager autour de la musique et que cette découverte et ce parcourt ne soient pas uniquement un catalogue (les 100 disques à écouter dans sa vie) mais que ça pousse à l'introspection, réflexion, remise en question en plus de la passion.
SupprimerYgg
Tout à fait et aux ricochets, également (voir nos échanges avec Devant qui l'on conduit à écouter un album qu'il avait téléchargé sans l'écouter)...
SupprimerVia cet échange, je me retrouve dans un thème qui me passionne. Une fois que l'on a goûté au plaisir de l'écoute, avec plus ou moins d'intensité, vient la gourmandise: encore, encore. Une fois que la révélation de ce plaisir n'est apparu qu'après plusieurs écoutes sur une oeuvre, en aborder une nouvelle pose la question: j'insiste ou j'abandonne dès la première écoute car il ne s'est rien passé? A partir de là, tous les indices pour continuer, pour obtenir cette révélation sont à identifier. En ce qui me concerne: La passion sincère même d'une seule personne ou la réputation d'une oeuvre qui a résisté au temps ou ... et là commence la polémique possible: un succès à grande échelle...
Supprimer... et je fini un livre qui va générer sur mon blog plusieurs chroniques: "Let's Talk About Love" de Carl Wilson. Autour de la musique de Céline Dion, l'auteur se pose la question: pourquoi tant de haine et aussi, surtout, pourquoi sont-ils si nombreux à avoir mauvais goût, ceci étant dit de sa part avec modestie, contrairement à ce que cela semble signifier.
SupprimerPourquoi tant de haine? J'ai regardé le début (je ne suis pas totalement maso pour me taper ça en entier) d'un concert de Céline Dion. Ce n'est que mon avis, mais j'ai trouvé que tout sonnait incroyablement faux, de sa façon de s'écouter chanter aux déclarations outrancières à destination du public.
SupprimerC'est bien la démarche de l'auteur qui partage ton avis et son livre ne l'a pas fait changer d'avis. Il commence par détester Mm Dion lors de remise d'"award" partagée avec le timide Elliott Smith. Sa réaction épidermique soudain le pousse à "creuser" et il découvre des critiques négatives écrites contre Céline Dion d'une violence qui le pousse à comprendre cette réaction face à un succès planétaire, tout continent, toute culture confondu. Et je découvre un terme le "schmaltz" auquel je suis sensible une fois compris le sens positif qu'on lui donne. Des chroniques guimauves à venir.
SupprimerUn article qui en parle mieux que moi:
Supprimerhttps://www.huffingtonpost.fr/2016/03/16/celine-dion-carl-wilson-lets-talk-about-love-pourquoi-les-autres-on-t-ils-mauvais-gout-_n_9476464.html
C'est marrant que tu l'aies proposé parce que je l'avais justement récupéré samedi. Je crois que je l'avais écouté à sa sortie en médiathèque. Je n'étais pas rentré dedans parce que j'avais eu l'impression de savoir trop à quoi j'allais avoir droit. Mais comme je savais que mon écoute avait été très superficielle je voulais m'y replonger.
RépondreSupprimerSans connaître les autres albums, le fait qu'un(e) artiste puisse concevoir un disque qui dépasse son talent en quelque sorte est très fascinant. Généralement, cela donne des disques avec lesquels on a une relation forte. Le hic, c'est quand l'artiste continue de sortir des disques alors qu'il ne se passe plus rien, quitte parfois à nous dégouter de ce moment de grâce.
Normalement, je l'écoute ce soir en rentrant du boulot.
PS: t'as écouté le dernier Echo and the Bunnymen? C'est une horreur... Et en plus, contrairement à ce que j'ai lu, Ian McCulloch a perdu sa voix... Un disque vraiment consternant.
Je ne crois pas qu'elle est vraiment enregistré un disque qui dépasse son talent, je pense plutôt qu'elle a beaucoup perdu en grâce à peut-être trop vouloir bien faire... J'ai hésité, longuement, pour le Bunnymen, et je vois que j'ai bien fait de m'abstenir. Déjà, leurs deux derniers albums m'avaient laissé de glace: la rythmique est partie (et elle était peut-être plus importante qu'on ne le pensait - enfin, pas moi, j'adorais le jeu de Pete de Freitas); pour le reste, ce n'était pas nul, mais terriblement ennuyeux: du Bunnymen sans chanson. C'est dommage car l'album de la reformation (je n'ai plus le titre en tête) était vraiment bon.
SupprimerSympa, mais certainement pas au-dessus du lot habituel de nanas avec leur guitare qui font vibrer les mecs.
RépondreSupprimerOui si il faut faire des tiquettes (j'adooore les tiquettes) mais la plupart ont en commun un quelque chose à l'écoute qui les distingue des autres.
SupprimerEt pourquoi elles ne feraient vibrer que les mecs? Et, d'ailleurs, je ne trouve pas la voix de Alela Diane particulièrement sensuelle (en tout cas, elle ne me fait pas l'effet d'une Bobbie ou d'une Hope). Et je ne la trouve pas "au-dessus du lot", mais "à côté du lot". Et c'est ce qui me plaît!
SupprimerPour une fois, je ne suis pas d'accord avec la majorité: Alela Diane a évolué avec le temps...et ses derniers albums ont toujours un ou deux titres qui sont extraordinaires. J'apprécie donc TOUTE son oeuvre solo. The Pirate's Gospel est très bon mais ce n'est pas le seul à mériter une écoute. Ce serait comme si on limitait Springsteen à Born to Run en oubliant Nebraska ou The Ghost of Tom Joad ou Dylan à Blondeon Blonde en oubliant Blood on the Tracks..
RépondreSupprimerJe te rejoins bien, et même l'argument consistant à penser qu'on ne peut pas tout écouter ne serait pas ... hum ... recevable? Disons ce serait dommage. Hein EWG!!
SupprimerUn ou deux titres extraordinaires, ça ne fait quand même pas beaucoup par album! Personnellement, je trouve que tes comparaisons avec Springsteen ou Dylan ne tiennent pas, parce que, justement, "Nebraska" ou "Blood on the tracks" contiennent bien plus qu'une ou deux chansons extraordinaires (d'ailleurs, je préfère nettement "Nebraska" à "Born to run"). Comme je l'ai écrit, je ne trouve pas que les albums suivants de Diane sont nuls, mais, après les avoir tous écoutés, je m'y ennui souvent.
SupprimerJe l'ai vu souvent ce disque, sans même penser à m'y arrêter. J'imagine que c'est le moment. Mon dieu, prendre des cours de guitare, effectivement, c'est rentrer dans le moule. Plus je vieillis et plus je me dis que l'émotion est souvent - trop souvent - inversement proportionnelle à la technique. Dommage.
RépondreSupprimerEt puis, il y a toujours cette obsession (compréhensible, mais dangereuse) de toujours vouloir plaire au plus grand nombre. N'hésite pas à faire un retour sur cette réédition, à l'occasion.
SupprimerJ'y reviens ! au disque comme à ton post. C'est juste magnifique.
SupprimerJe suis vraiment heureux que l'album t'ai embarqué!
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