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dimanche 28 avril 2019

THE STAIRS ~ Mexican R'n'B [Deluxe Edition] [3CD] [1992]



En 1992, j’étais pour ainsi dire plongé dans une sorte de coma, une forme d’autisme rare qui m’avait préservé de toutes les infections qui ont fini de gangrener ce qui restait du rock'n'roll et de ses variations que jadis j’avais tant chéri. Ouf, cet état d’hibernation instinctive m’avait permis d’échapper à d’horribles souffrances : le hair métal, le grunge, la britpop,  le trip hop et les Red Hot Chili Peppers. Mais bon sang, j’avais bien du rater autre chose que Tom  Petty et The Fall pendant ces horribles 90’s... The Stairs : Mexican R’n’B (1992) rééditions du mois dans Rock & Folk ! Mais c’est quoi cette blague ? Edgar (Jones) Summertyme est  âgé  de 16 ans en 1987 lorsqu’il fomente le complot Stairs à Liverpool ! Le groupe prend définitivement forme en 1990 avec l’appoint de Ged Lynn aux guitares et Paul Maguire aux futs  venant appuyer Jones au chant et à la basse. Jones qui a été biberonné semble-t-il  aux Yardbirds et au meilleur de la musique garage des sixties est un "Children of Nuggets" tel qu’il se définit. Alors que ses congénères sucent des pastilles smiley, portent des bermudas et des tee-shirts poisseux, Les Stairs enfilent des  Chelsea boots, des chemises à jabot et forcent sur les consommations d’acide et de weed. Le mimétisme est total. Après une poignée de E.P. prometteurs, en 1992 donc sort leur premier album : Mexican R’n’B sur Go-discs le label des La’s. Le disque passe totalement à côté des radars qui étaient passablement hors service en ce qui me concerne. Mais, déjà, c’est quoi cette pochette en  sombreros avec l’âne,  le cosmonaute qui refoule la buée  et l’autre qui se tient la moustache ? Ca sent l’équipe de super branleurs (c’est bon signe). Les pochettes de l’époque  de Rage Against The Machine "Parental advisory" ! avec le tibétain qui a trop arrosé le barbecue sont beaucoup plus flippantes. Au moins, on sait que les Stairs n’ont aucun message politique à nous faire passer et c’est tant mieux. Quoique le morceau : Russian R’n’B semblerait  avancer une ébauche de pensée : "the world shall not be saved…" Enregistré en  monaural,  les bougres ne se démontent pas et auraient affirmé : "si le mono est suffisant pour Phil Spector, il le sera bien aussi pour nous." Bien vu ! Bon, maintenant, envoyons la galette  pour voir un peu  ce que ces trois  weirdos ont dans le froc. L’album débute avec Mary Joanna, un morceau dans le style garage bien sec qui pose d’emblée les jalons de ce qui va suivre. Avec Mr Window Pane, ils étoffent  le son, les cuivres sont de la partie. Out in the country, la basse dégringole l’escalier, je pense à Chris Bailey, mais ça continue à monter crescendo avec Laughter in their eyes, puis c’est la ballade garage qui tue : Sweet thing !  La voix de Jones m’oblige à mettre un genou à terre, l’arbitre me compte, sauvé par le gong,  je récupère groggy dans le coin pendant que les Stairs envoient la petite blague de rigueur de tout classique garage : Russian R’n’B (The world shall not be saved).  Je reviens sur le ring pensant que l’adversaire va commencer à s’essouffler et je reçois une pluie de coups précis à la face puis à l’estomac qui me renvoient dans les cordes.  Leur morceau de bravoure : Right in the back of your mind commence sur un riff "funhousien" ponctués de cris d’iguanes et se  transforme  en délire lysergique doorsien rythmée par  la frappe de malade de Maguire (drums) et la basse de Jones  qui vient marteler mon cerveau sans répit. Je suis dans les vapes, l’arbitre me compte à nouveau. Mon esprit vacille, je vais y retourner, mais quand les Stairs balancent : Mundane Mundae, c’est le coup de grâce… Victime de leur punch diabolique, mon protège dents vole, la lumière vient de s’éteindre et je m’effondre, le visage heurtant violemment  le plancher sale du ring. Ma bouche crache un mélange de bile et de sang, on approche la civière… Les morveux fêtent  leur  titre en envoyant : Wrap me around your fingers, Weed bus, parfait clin d’œil  aux Who et à leur carburant favori. L’ambulance fonce dans la nuit, sirène  hurlante, je ne me souviens plus très bien, quelle migraine ! On ravitaille déjà les poches d’herbe backstage pendant que le power trio augmenté d’un clavier achève le public avec deux grenades psychédéliques à fragmentation : Sometimes the world escape me et Fall down the rain, sur lesquelles Ged Lynn hisse facilement son talent au niveau de celui d’Arthur Lee et de Robbie Krieger. Le triomphe est total. Bon, on connait la suite, le disque sort en 1992, personne n’en a rien à battre. Les Stairs se mettent en tête de sortir un deuxième album à compte d’auteur et de le proposer à une maison de disque mais personne n’en veut. On trouve les démos très abouties de cet album sur le CD3. Le matériel est tout à fait excellent, mais les compositions d’Edgar Jones s’éparpillent un peu entre Mountain, Hendrix, Captain Beeefheart et les Seeds en se rapprochant parfois d’un R’n’B  blanc que n’aurait pas renié Paul Weller et qui leur convient parfaitement. Voilà, c’est bien fait pour eux ! Les Stairs disparaissent dans le marasme grunge et nous laissent en héritage cette pépite qui prouve que trois jeunes nerds inspirés et super doués peuvent encore réaliser un disque de rock original et fidèle aux tables de la loi éditées par Sam Phillips trente-cinq ans plus tôt.

Je tombe le sombrero.

THE DUKE [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]



CD1:
01 - Intro
02 - Mary Joanna
03 - Mr Window Pane
04 - Out In The Country
05 - Laughter In Their Eyes
06 - Sweet Thing
.../...
CD2:
01 - Last Time Around [From 'Last Time Around EP']
02 - No One Knows [From 'Last Time Around EP']
03 - Mr Joke Shop Owner [From 'Last Time Around EP']
04 - I Won't Be Back Again [From 'Last Time Around EP']
05 - Fall Down The Rain (Surf) [From Unissued Second Imaginary EP]
06 - Woman Gone And Say Goodbye [From Unissued Second Imaginary EP]
.../...
CD3:
01 - Skin Up
02 - She's So Fine
03 - Saw Her Today
04 - It Was Alright
05 - Gotta Reason
06 - Stop Messin'
.../...
COOL 165A
COOL 165B
COOL 165C


23 commentaires:

  1. Réponses
    1. Les deux disques bonus avec les démos du deuxième album sur le CD 3 valent vraiment le coup aussi.
      Thanks
      Duke

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  2. Je charge, j'écoute, je relis, je réécoute et je reviens te dire ce soir. Quand tu seras réveillé.
    (Et puisque t'es déjà au sol j'en profite pour te glisser un coup de lattes dans les côtes.)

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  3. A l'époque, j'avais acheté le disque pour sa pochette, me disant que je ne pouvais me retrouver qu'en présence de gens de goût! C'est chouette que les "Deluxe" ne soient pas uniquement réservés aux grosses pointures. En plus, ici, il y a un véritable album à découvrir et pas seulement du live ou de la demo.

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    1. Cher Jimmy, je reconnais là l'esthète, l'homme de la renaissance capable d’apprécier toute la subtilité de cette pochette au vertus subliminales.
      Pour le "Deluxe" tu as entièrement raison. On est loin du remplissage habituel de démos et de live sans intérêt. On en a pour son argent...
      Merci pour ton hospitalité
      Duke

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  4. Arrgh! Je reconnais là ta propension pour les coups bas. J'en profite pour te rappeler que cette chronique fait référence au "noble art" et non pas au combat de rue (bien que les protagonistes ne manquent pas de sauvagerie je dois l'avouer).
    Ce soir j'aurais récupéré et il vaut mieux que tu tiennes ta garde haute et bien fermée...
    The (Marvelous) duke

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  5. Hey-Ho, Let's Go !
    Contrairement à Jimmy moi la pochette, je m’en souviens, elle m’avait fait fuir.
    Y a pas que l’hibernation qui fait passer à côté des trucs. D’ailleurs ton hibernation j’y crois qu’à moitié, tu veux nous faire cracher le(s) morceau(x) mais pas question.
    (En 1992 certains t’auraient vu, sur le Bassin, chantonner ‘’Plus que tout au monde’’ avec un pote à toi)

    Bon c’est sûr les jeunots ont des références et moi j’aime bien ça, ça sent les fans à plein nez et les multiples aller-retour d’influences des deux côtés de la mare.
    Alors oui la basse la batterie, les claviers Krieger, Love et les Yardbirds et tout ça.
    Y a même du clavecin dis-donc, quelques secondes mais ça tombe bien c’est la dose maximale que je supporte. Mais (presque) pas un mot sur la voix ? Moi ça m’a sauté aux oreilles, on dirait parfois Jagger qui s’auto-parodie, écoute bien : ‘’Mistahhh windaowww paaaaaaaane’’ et dis-moi pas qu’j’ai pas raison…
    Mais faut l’avouer, parfois les britiches ont bon goût et dans ce cas-là on peut leur faire confiance, comme à tes jeunots.
    Au résultat ce disque (ouais j’ai encore pu écouter que le premier) hé ben il passe tout seul et d’ailleurs je me le repasse, à ta santé !

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    1. Avec un PS, qui n'a rien à voir : jeudi dernier Jim Jones And The Righteous Mind sont passés à la maison (you know...), chuis con j'ai pensé à t'en parler on y était déjà ... ouaaaaah c'était le feu ça t'aurait vachement plu.

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    2. T'as raison le clavecin est parfait mais la voix j'en parle au moment de "sweet things", ces types sont des fans invétérés et ça fait du bien! alors Jones module son timbre en fonction des morceaux pour ressembler à ses idoles. La voix est mixée bien en avant, sur le CD 3 il se prend carrément pour Beefheart et sur un autre morceau il chante comme Lux Interior avec la bouche remplie d'oignons " She Said" J'espère que tu as noté les petits ponts entre les morceaux avec les bruitages futuristes à la mode Spirit.
      Bon alors écoute la suite, il leur manquait juste un producteur comme Alex Chilton pour casser la baraque.
      Jim Jones je regrette, je voulais y aller mais personne n'était motivé.Les Fleshtones sont passés aussi de l'autre coté de la frontière...
      En ce moment c'est plutôt "Nice baie des anges" que je fredonne en hommage à Dick le chat.
      Duke

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    3. Des oignons ? Moi j'aurais dit des cailloux !
      Ouais, on tient là une belle brochette de branleurs

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  6. J'ai dü ire le Rock', Folk en question parce que le pochette me dit quelque chose alors que je n'écume plus les rayons depuis des décennies (oups, ça fait mal de l'écrire). Pas encore récupéré, j'attends d'être à la maison pour ça. Et d'ailleurs, moi je dis que c'est autant une brochette de branleurs qu'une pochette de branleurs...

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  7. Effectivement le ramage d'E.Jones se rapporte à leur plumage et en plus ils jouent comme des bêtes comme dirait Jeannot la Fontaine de jouvence qui ne coule que peu de temps, le temps de ce RnB MEXICAIN en l’occurrence.

    Bonne écoute miss A.

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  8. R&F m'avais presque convaincu d'en faire l'acquisition et puis j'ai finalement choisi Dana. J'en suis au disque 2, je me régale. Merci

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  9. Attends de passer au CD 3! c'est comme s'ils avaient voulu franchir le cap de l'année 1966 à 1967 en 1993! Ça part un peu dans tous les sens mais c'est vraiment bon et Ged lynn fait des prouesses avec l'appui d'une deuxième guitare.
    Ils ont pas eu de hit mais c'est parce qu'ils voulaient pas jouer de la pop merdique ou du hard rock déguisé (le grunge)
    Duke

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  10. Ni Mexican, ni R'n'B, mais que fait la police ? Bon, la musique est excellente, cela excuse tout.

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  11. Tu as raison Zocalo, est ce qu'on a déjà vu des Mexicains ou des Russes jouer du R'n'B, à moins qu'ils veuillent nous faire penser à la bande de Rudy Martinez ? Mark and the mysterians ?
    Caramba ! le mystère s'épaissit...
    Abrazo fuerte.
    El Duque

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  12. A l'époque comme à la réécoute, ça me passe au dessus de la tête. C'est tout plat, étriqué, c'est singé plus qu'incarné. Ils font défiler tout le catalogue (y a même un bout de Daydream), mais ça sent la réflexion plus que l'inspiration. Les Swingin' Neckbreakers étaient plus rigolos.

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  13. C'est exactement tout l'inverse justement, il y a rien de calculé dans leur musique et ce n'est pas un Xième groupe garage revivaliste comme les sympathiques briseurs de nuques qui n'apportent rien de plus au shmilblick. Les Stairs sont pétris de références et ils restituent juste cela avec leur âme de fans.
    Faut avoir ressenti l’émotion du premier Nuggets pour comprendre ce qui se passait dans leurs jeunes cervelles et voir que c'est pas truqué. C'est pas dans la tête que ça se passe c'est au niveau des tripes.
    Duke

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  14. Déjà vu dans un autre blog.... Le club des mangeurs de disques je crois. Bref, que du vieux

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    1. Sur le Club, il n'y avait qu'un seul disque, alors qu'ici il y a deux cd's bonus forts intéressants.

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  15. Je ne suis pas borgne Jimmy, je te faisais un clin d’œil

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