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lundi 22 juin 2020

THE GUN CLUB ~ Mother Juno [9 Lives No. 3] [2CD] [1987]


On le sait, notre Jimmy déprime en ces temps compliqués, de soleil trompeur et d’ordinateur capricieux.  Alors, oui, il nous dit qu’il révise les classiques pour nous les faire partager… mais on voit bien que le tri n’est pas simple pour un tel passionné. Alors, moi, je me dis qu’il a besoin d’aide. Je ne vais peut-être pas parler d’un "vrai classique". Vous savez, de ceux qui mettent tout le monde d’accord (ou presque). Non, mais d’un disque qu’on a tendance à oublier, à cause des prédécesseurs plus illustres quand on les compare dans l’œuvre d’un artiste. Alors, si notre Jimmy n’a pas l’idée de nous parler de son cher Gun Club (par pudeur ou par peur d’en avoir trop fait dans le passé ?), alors autant s’en charger à sa place. Et puis, j’espère ainsi lui remonter (un peu) le moral. Donc, je vais vous parler de Mother Juno. Pour moi, le premier que j’ai découvert de ce groupe. Pour tout vous dire, c’est un peu celui qu’on oublie tout le temps. Les trois premiers se bataillent la place du meilleur du groupe. Et ceux d'après, on en parle généralement en disant que c’était moins bien que les trois premiers… En effet, si, sur Fire of Love (vous savez, celui qu’on met dans les classements des meilleurs disques), le Gun Club revisite le blues, si sur Miami (celui que les vrais connaisseurs citent comme étant le meilleur), il revisite la country, si, sur The Las Vegas story (celui que Nicolas Ungemuth, connaisseur parmi les connaisseurs, considère comme le meilleur), il revisite le rock flamboyant, alors sur Mother Juno, il revisiterait… le hard rock. Première tare pour tout ceux qui ne jurent que par l’esprit punk… Sauf que, comme pour les trois premiers, tout ceci est purement de la foutaise, ou si vous préférez un truc de journalistes. D'autre part, ce qui a pu également renforcer l'idée pour certains que c'était mieux avant, c’est que Mother Juno a moins été le fruit d’un travail de groupe que les trois premiers (oui, au revoir l'excellent et culte Kid Congo Powers), donc un disque de Jeffrey Lee Pierce plutôt que du Gun Club en quelque sorte. Et j'oubliais le pire : en plus, il a été produit par Robin Guthrie, le leader des pas très rock'n'roll Cocteau Twins. Or, loin d’être éthéré (mise à part sur le pourtant beau Breaking hands où ça sonne effectivement un peu trop Cocteau Twins), il renferme les morceaux les plus violents du Gun Club, merveilleusement mis en son par ce fan avéré qui montre ici combien il avait compris ce qu’était la musique, l’énergie et la fièvre du Gun Club (ou plus exactement celle de son fantasque, passionné et passionnant chanteur). En effet, les guitares électriques sont étrangement asséchées comme de la paille prête à s'embraser, tout en restant tendues comme du barbelé, et le son du disque sait à la fois être dépouillé et riche, sale et propre, le producteur travaillant avec un soin discret chaque morceau comme un tout. Donc, ce disque n’a peut-être pas l’aura de ses prédécesseurs mais, vous le savez très bien, on n’écoute pas forcément si souvent que ça les grands chefs d’œuvre… on leur préfère toujours les disques plus cachés, ceux avec lesquels on peut construire une relation plus intime, parce qu’ils sont moins impressionnants, plus faillibles et surtout plus… humains. Et ici, la voix de Jeffrey Lee Pierce devient, pour ainsi dire, la plus merveilleuse incarnation de cet adjectif. Oui, parce que qui, à part lui, peut vous faire vibrer le cœur en vous entraînant dans ce fulgurant brasier de l'âme, comme si chanter ainsi devenait la seule façon de (sur)vivre ? Réécoutez-le et vous verrez (oui, parce qu'on voit mieux avec les oreilles, c'est bien connu). Alors, vous découvrirez à cette occasion que Mother Juno fait donc définitivement parti de ceux-là, de ces disques qu’il faut savoir défendre pour ce qu’ils sont, et non pour ce qu’ils ne sont pas, de ces petits chefs-d’œuvre qui s’ignorent autant qu’on les ignore. Bref, des disques qu’on chérit d’autant plus forts, justement parce qu’on est un peu les seuls à savoir les aimer ainsi.           
Audrey SONGEVAL [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]
  
CD1 :
01 - Bill Bailey
02 – Thunderhead
03 - Lupita Screams
04 - Yellow Eyes
05 - The Breaking Hands
06 – Araby
07 – Hearts
08 - My Cousin Kim
09 - Port Of Souls
10 - Crab Dance
11 - Nobody's City
12 - Breaking Hands [12'' Version]
CD 2 :
01 - Port Of Souls
02 – Araby
03 - Lupita Screams
04 - Funky Junkie (a.k.a. Yellow Eyes)
05 – Hearts
06 - Bill Bailey
07 - Sleepy Time Blues (a.k.a. Nobody's City)
08 - My Cousin Kim
09 – Thunderhead
10 - Breaking Hands
11 - Crab Dance
12 - Country One
MP3 (320 kbps) + artwork





13 commentaires:

  1. Lire que "Mother Juno" est un disque de hard rock, je ne suis pas certain que c'est ce qui va m'aider à aller mieux! Le malentendant qui a écrit ça n'avait pas dû écouter un disque de Black Sabbath depuis longtemps! On sent (à peine), ici ou là, que Jeffrey est un peu fatigué (ou déçu par la tournure des événements) et peut-être un tout petit peu moins en verve, mais, vu le niveau, on s'en contentera facilement!

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  2. Bonne idée, il y a bien longtemps. Un défi à l'étiquetage le monsieur. Et j'ajoute ce disque que je n'avais pas, l'idée qu'il n'était pas nécessaire, mais tu es convaincante.
    A l'époque j'avais acheté MIAMI sans en avoir tiré le moindre plaisir. Il aura fallu que je découvre son album "Cypress Grove With Willie Love" pour enfin découvrir le talent du monsieur. "Yellow Eyes" est envoûtant. Je suis dans une humeur idéal pour ce titre, "The Breaking Hands" ... je vieilli ha ha et he découvre M. Pierce en ballade.

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  3. @Jimmy: cette édition de l'album est bonne et exhaustive, mais la pochette est criminelle! Mais, rappelle-moi, dans l'original il n'y avait pas Crab Dance et Nobody's City?

    @Devant: Miami est, je trouve, l'album qui est le plus à infuser dans la tête, y compris pour moi. Pour ma part, j'ai toujours l'impression de redécouvrir le Gun Club quand je l'écoute. Dans ce disque, le chant de JL PIERCE est le joker qui fait la différence et transforme certaines chanson en pure merveille. Faut que tu réécoutes Yellow Eyes en boucle si tu n'es pas convaincu!!!

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    1. Au début, j'avais affiché la pochette d'origine, mais, finalement, j'ai opté pour celle-ci (nous sommes d'accord, le rendu est pourri) afin d'attirer l’œil de ceux qui possèdent déjà l'original. Dans la version vinyle ne figurait pas les deux titres que tu cites.

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  4. J'ai hérité de ce disque avec la petite discothèque que ma sœur m'a gentiment léguée. Il a donc un petit coté sentimental et c'est vrai que j'ai mis du temps à l'écouter mais ensuite c'est devenu un de mes favoris. J'aime la voix de Pierce sur Breakin hands et sur l'ensemble de l'album. C'est du Gun Club plus assagi mais d'un grand tonneau cependant avec ce diable de Kid Kongo à la slide! Evidemment j'ai flashé tout de suite sur Yellow eyes.
    Dude

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  5. En une alternance digne d'une douche écossaise se télescopent ici confirmations et surprises, au hasard The Gun Club est là pour nous remonter le moral, il existe des journalistes qui écrivent des conneries, la country flamboyante assèche des guitares de paille et les producteurs ça sert à rien.
    Surtout quand ils sont écossais.
    Welcome back Miss A.

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  6. Après l'indéboulonnable, l'indispensable, l'indétrônable "Fire of Love" que tout le monde adôôôôôre,"Mother of Juno" n'est pas bien loin. Tant mieux. Sombre, empreint de poésie, il est proche de l'enfer de Jeffrey Lee Pierce. Son meilleur album? Merci Audrey de l'avoir replacé sur le devant de la scène.

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  7. Ma découverte du G Club est très tardive dans les années 95, attiré par Jeffrey, et je n'ai aucune hiérarchie dans les différents albums puisque fébrilement assimilés comme un tout en presque une seule bouchée ... Merci Audrey de m'avoir fait vérifier que j'avais tout cela au chaud et poussé à la réécoute.

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  8. J'ai déjà du raconter ça plusieurs fois (on rabâche avec l'âge!): j'ai eu la chance immense d'être chez New Rose le jour où on ouvrait les cartons contenant les premiers exemplaires français de "Fire of love". Après écoute du premier titre, j'ai lâché mon petit pognon, et je suis rentré ventre à terre jusqu'à ma chambrette! Presque quarante années plus tard, la passion est toujours intacte.

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  9. @Duke: On retient souvent les ballades de cet album, alors que je trouve qu'il contient les tites les plus speed du groupe...

    @Everett: Tu as un problème avec les écossais?

    @eric: Merci, même si je n'ai pas dit que c'était son meilleur.. ^-^

    @sorgal: J'ai, à tord, tendance à ne pas écouter les derniers mais il y a dedans aussi de grandes chansons. L'évolution de Pierce, c'est aussi celui d'un musicien qui maitrise de de mieux en mieux son instrument. Le défi aura été d'écrire des choses plus "techniques" mais en conservant la flamme des débuts.

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  10. 'Lo. Personnellement le débat sur quel album est le meilleur ne m'intéresse pas. Je les écoute tous avec grand plaisir, je choisis suivant mon humeur.
    Sur Mother Juno l'enchaînement Araby - Hearts - My cousin Kim m'a toujour mis en transe. Personne ne cite Hearts, je pourrais pleurer en écoutant cette chanson et je peux l'écouter en boucle sans me lasser.

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  11. Les tourments intérieurs de JLP, enlisé dans la drogue et l'alcool, jaillissent inévitablement de la moindre note de chaque chanson, ce qui donnent à cette œuvre criminellement sous estimée, un caractère d'urgence absolue.
    Jeffrey Lee Pierce, à l'apogée de ses capacités lyriques, nous envoute littéralement tout au long de l'album avec ses chansons intenses, tristes mais belles.
    En écoutant l'épique "Hearts" où Jeffrey nous montre encore une fois l'étendue de ses capacités vocales, je ne peux que penser à un ex groupe du sud-ouest qui a écouté et écouté la musique du GUN CLUB.
    Le bonus CD très intéressant avec les premières versions des chansons de Mother Juno se vend seul chez nos voisins espagnols sous le titre de "Mother Berlin". Bel hommage Audrey.

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  12. @Dado: Oui, Noir désir ne s'est jamais caché de l'influence du GUN CLUB, surtout à leurs débuts, avec des chansons façon cavalcade.
    L'album Tostaky a d'ailleurs marqué une rupture sur ce plan-là vers d'autres horizons. La fièvre du Gun CLUB était d'ailleurs très présente dans l'incandescence de ses concerts d'avant.
    Et merci pour le compliment et contente que je ne sois pas si seule que ça à placer Mother Juno bien plus haut que ce que l'indifférence dont il fait l'objet laisserait entendre.

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