Eh bien, ça n'aura pas lambiné. En effet, il se murmure en haut lieu que cet album (au son tout à fait correct) pourrait être quelque chose comme la grosse affaire de l'année - et qu'importe si les chansons furent enregistrées il y a des lustres par un gars juché sur un tabouret de cuisine et n'ayant qu'un micro et une petite guitare pour faire tournoyer toutes ces merveilles. Déjà la pochette, qui annonce fièrement une liste de titres qui auront bouleversé nos existences, est un sujet d'évanouissement! Mais grimpons un instant dans la machine à remonter le temps. Lou Reed et John Cale s'arrangèrent malicieusement pour évincer Nico (dont la majestueuse ombre blonde leur masquait un peu trop la lumière), après la parution du cultissime premier album du Velvet Underground (en gentilshommes, ils l'aideront tout de même à réaliser son Chelsea girl). Lou se débarrassa ensuite de John, un an plus tard, après l'enregistrement de White light/white heat, avant de se faire lui-même pousser vers la sortie par le manager Steve Sesnick et Doug Yule, après deux albums au succès relatif (pour rester poli). Voilà, nous sommes au début d'une nouvelle décennie, et notre homme se retrouve à l'abandon. Rongé par la déprime, la légende raconte qu'il serait retourné vivre chez ses parents et aurait même tâté du métier de comptable! Cependant, moins d'une année plus tard, on annonce un premier album sous son nom. La pochette ne donne pas très envie, mais les chansons, majoritairement composées à l'époque du Velvet Underground, attirent forcément les fans (encore assez peu nombreux) du groupe. Malheureusement, le disque, enregistré à Londres, ne tient pas toutes ses promesses. Lou semble fatigué, presque absent, et les musiciens (dont deux membres de Yes - chapeau pour le recrutement!) comme le producteur paraissent peu impliqués. Pourtant, comme le prouve ce florilège de demos, les chansons étaient toutes excellentes (les dénicheurs de bootlegs et ceux qui se régalèrent de la compilation VU le savaient déjà). Ecouter Lou Reed s'exprimer dans le plus simple appareil procure des émotions que je ne me risquerais pas à résumer. Et puis, pour ceux qui n'auraient pas tout suivi à la loupe, il y a les grosses cerises sur le gâteau: à l'heure d'enregistrer son premier disque en solitaire, Lou avait déjà composé Perfect day (une de ses plus belles réussites) et New York telephone conversation, qui paraîtront sur l'album suivant, le merveilleux Transformer produit par David Bowie, mais, beaucoup plus surprenant, on peut se délecter des premières versions de Kill your son ou de She's my best friend qui ne paraîtront officiellement et respectivement qu'en 74 et 75 sur Sally can't dance et Coney Island Baby. Loin des éditions Deluxe qui lassent trop souvent avant d'être totalement écoutées, ce drageoir intime saura passionner les vieux enfants au cœur pur.
Jimmy JIMI [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire!]
C'est "la mode" de publier des démos et parfois, cette fois, c'est bien.
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SupprimerLes commerçants ont tout réédité, remasterisé, bidouillé 10 fois, il faut bien qu'ils trouvent autre chose. Ce que j'aime, c'est qu'on n'a pas essayé de nous refourguer le premier album en prime; là, il n'y a que les démos, et je les trouve particulièrement bonnes et touchantes.
SupprimerIl a de l'avenir ce petit, si un ou deux producteurs tombaient là-dessus ça pourrait les motiver.
RépondreSupprimerPourvu que ce soit pas Eno.
Un jour (après des années d'attente), il faudra quand même que tu nous expliques ce qu'il t'a fait, le Eno. Je n'ai jamais été un grand fan (si ce n'est de la période Roxy), mais, là, je sens qu'il y a un truc particulier... Sinon, le disque m'a beaucoup ému. Nous n'avons pas été gavé en rééditions du bonhomme et ces démos m'ont beaucoup touché.
SupprimerJe ne suis pas un fan des démos en général mais tu m'as donné envie. Et puis c'est Lou...
RépondreSupprimer"Et puis c'est Lou..." Tout est dit! Et on n'a pas été trop saturé comme avec Dylan ou Neil Young...
SupprimerTu le sais "perfect day" fait partie de mes plus belles chansons au monde, Lou reste mon idole et j'adore relire"electric dandy" de Bruno Blum quand je me refais un album. merci beaucoup et rassuré de te revoir .
RépondreSupprimerTout pareil! Je vais mieux, merci.
SupprimerC'est bizarre de voir comment les chansons du premier album et la voix de Lou sonnent tellement mieux sur ces démos acoustiques que sur l'album lui même.
RépondreSupprimerEn effet, c'est très étrange; Lou avait dû attraper la grippe en arrivant à Londres!
SupprimerTout est bon pour remplir les tiroirs caisses. Je n'adhère pas à ce genre d'opérations !
RépondreSupprimerDu coup, je vais me remettre un petit R&R Animal à fond !!!
C'est vrai qu'un album "live" (comme "Rock'n'roll animal" (que je n'ai d'ailleurs jamais trop apprécié, les guitares étant trop hardos pour mon goût personnel)) qui ne coûte presque rien à produire mais peut rapporter gros, c'est moins mercantile!
SupprimerBien dit. Quand on voit le prix demandé pour les live de Bowie à l'intérêt très variable...
SupprimerPerso, je n'aime pas non plus le "Rock 'n Roll Animal", trop bourrin pour moi. Je préfère l'acoustique "Perfect Night: live in London"
Et moi tout pareil !
SupprimerLe coffret Peel slowly and see donnait à entendre des versions inédites par le Velvet de titres ensuite enregistrés en solo (Satellite of love, Ocean...) mais là c'est carrément menu royal. Merci pour cette découverte.
RépondreSupprimerIl m'a fallu fouiller un peu sur internet avant de trouver d'où provenait cette pépite qui ne court pas (encore ?) les rues...
RépondreSupprimerLoin d'être parfait, peut-être, mais j'ai toujours aimé l'atmosphère du premier album du Lou ("Ocean" par exemple).
Si j'ai tout compris, ce disque sera bientôt en vente libre dans les meilleures échoppes. Je sais que nos avis divergent à propos du premier album. "Ocean" était un titre du Velvet et les versions qui sont venues jusqu'à nous me semblent bien supérieures à celle du premier album...
SupprimerMerci beaucoup Jimmy Jimi pour cette pépite, merveille de fragilité et de délicatesse.
RépondreSupprimerJe viens d'apprendre que cette compilation de démos, publiée à Noël et retirée illico du marché (histoire de copyrights mal fichue), sortira finalement ce printemps à tirage limité, pour le prochain Record Store Day.
Merci pour tes messages et tes posts. Toujours un bonheur.
Tu m'apprends quelque chose, je pensais qu'elle allait paraître sous peu. Je suis d'autant plus heureux de l'avoir posté pour mes fidèles!
SupprimerMerci pour tes aimables paroles et pour ton soutien.
Encore un coup du syndrome "copyright collection" chère aux juristes chargés du répertoire Dylan. OK, très bien, business is business, mais pourquoi sortir ça en catimini vite fait et retirer la chose sitôt le renouvellement du copyright assuré ? Je ne peux que tirer mon chapeau au Grateful Dead, dont les demos d'American Beauty et Workingman's Dead sont toujours en ligne (et pas vendues à un prix exhorbitant en édition ultra limitée blablabla). Merci Jimmy d'avoir fait le boulot ceci dit. Marre de cette époque de merde, ceci dit aussi.
RépondreSupprimerJe n'ai pas compris grand chose à cette histoire... Personnellement, le business a tellement bien œuvré qu'il m'a dégoûté d'acheter des disques; la plupart du temps, je me contente du mp3...
SupprimerJe connais mon Lou Reed par coeur, mais ça c'est à tomber. j'ai écouté ça en voiture, je me demande encore comment je ne me suis pas pris un arbre! Dommage qu'il ait été retiré du marché la pochette est extra!
RépondreSupprimerQuant au commentaire sur Dylan, laisse tomber. L'intégrale des démos de Blood on the tracks est sublime, je ne m'en lasse jamais! Et je viens d'apprendre qu'il sort un bouquin en novembre. Pas la suite de ses sublimes mémoires, mais des écrits sur la musique, et même sur Costello!