Les Electric Prunes s'étaient déjà essayés, sans succès, à la messe électronique. Ici, la rencontre de Gary Wright, organiste et chanteur, et de Pierre henry donne un document étonnant d'une convergence provoquée vers une architecture pop musique contemporaine. les frottements, tintements, chocs, de la musique de Pierre Henry qui peuvent sembler aux amateurs de pop music glacés et trop épurés, en quelque sorte "désincarnés", viennent se fondre en une masse de sons soigneusement ordonnés où règne l'harmonie chaleureuse entretenue par la voix de Gary Wright. Il est toujours difficile de trouver la jonction, la rencontre privilégiée entre deux formes d'expression : on risque le collage artificiel. Pour que l'oeuvre soit réalisée, il faut que les composants musicaux se fondent dans une même masse pour sembler chacun nécessaire et indispensable à l'ensemble créé. Ce qui étonne, c'est cette force incantatoire, cette montée progressive et violente des sons, jamais réalisée sur deux plans différents, dans deux directions, mais dans une même structure. Un jeu subtile de balancements créé un climat d'étrangeté - prédominance de la voix de Gary Wright, avec, en contrepoint, les heurts sonores de Pierre Henry, ou bien progression de ces heurts qui viennent qui viennent couvrir la voix portée au loin par l'écho, pour se perdre ensuite dans les ténèbres des grésillements. Cette messe a quelque chose d'une messe noire, fête païenne qui n'est pas pour nous déplaire. Peut-être est-ce aussi un disque qui fera date dans l'histoire de la pop music. Quand je vous aurai dit que la pochette souligne l'étrangeté fascinante de la musique, et vient nous confirmer qu'il s'agit bien d'une messe un peu particulière (fête des sens), il nous restera à déterminer quel est ce dieu à qui elle est dédiée. La profusion des sons est étonnante, aussi ce disque souffrira-t-il d'être écouté sur un "modeste" électrophone.
Paul ALESSANDRINI [Rock&Folk, 1970]
01 - Confession
02 - Have Mercy
03 - Credo
04 - Offering
05 - Hosanna
06 - Prayer
MP3 (320 kbps) + artwork
Ils ne rigolaient pas, les rock critics, en ce temps-là!
RépondreSupprimerJe vais pas faire la maligne sur ce coup-là. Obliger d'écouter. Du coup, je m'attendais à quelque chose de plus léger. Ca frôle le prog, non?
RépondreSupprimerJ'ai posté celui-ci après avoir retrouvé la chronique par hasard et quelle m'a amusé. Je pense qu'un disque de Pierre Henry enregistré sous son seul nom pourrait davantage t'intéresser. Je vais fouiller, mais sa discographie est assez labyrinthique. En tous cas, ce n'est pas vraiment léger. Celui-ci est vraiment particulier, il est loin de s'offrir en une seule écoute. parfois, je le trouve fascinant et, d'autres fois, un tout petit peu chiant!
Supprimerle prog expérimental alors (enfin à mon sens, je ne suis pas spécialiste, mais le prog anglais me paraît toujours plus ouaté, onirique, là où les allemands - je vise Krafwerk etc, les puristes diront que ça ne s'appelle pas prog, mais bon krautrock ça veut rien dire - proposent quelque chose de plus "construit". Souvent le prog rameute une idée d'intentionnalité dans la musique, un côté "métrique et froid", loin de l'expérimentation jazz ou psychédélique (je n'adhère pas à cette vision mais je peux comprendre). Tout ça pour dire, que cet album me semble piocher un peu partout, le mille feuille sonore brouille les pistes rock et il en sort quelque chose de presque free parfois... en tous les cas, il ne s'apprivoise pas facilement. Merci du partage, je ne le connaissais pas.
RépondreSupprimerOn risque de se perdre dans les étiquettes, mais, personnellement, je trouve qu'il y a une grosse différence entre le prog et la kosmik musik (autre nom, légèrement plus convainquant que krautrock). Il y a déjà tellement de différences entre certains groupes qu'on a tendance à ranger dans le même panier...
Supprimerje suis d'accord... après je cherchais moins à étiqueter (réflexe parfois intéressant et parfois chiant) qu'à essayer de cerner le côté "mille feuille sonore". La chronique que tu utilises pour présenter l'album est intéressante parce qu'elle décrit du non figuratif... pourtant à la lire et à écouter l'album, les deux directions dans une même structure m'ont fait penser à ça : un mille feuille... enfin surtout à de la pâte feuilletée. Je ne vais pas balancer une recette ici, mais il faut une subtile adéquation pour un "mélange" qui est à la fois structuré mais pas forcément si homogène que ça à l'intérieur... je sens que je m'égare ^^
Supprimer"Amateur de pop music doté d'un modeste électrophone'' : c'est tout moi ça !
RépondreSupprimerc'est surprenant d'entendre les épures de Pierre Henry retraitées aux enluminures prog. merci de cette découverte.
RépondreSupprimerune merveille trés dure à assimiler
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