ARCHIVES

mercredi 10 octobre 2018

BEN VAUGHN ~ Imitation Wood Grain And Other Folk Songs [2018]


"Alright, tchick-a-tchick-tchick-tchick."
J’ai l’impression que cette année les pépites tombent du ciel (si vous voulez la liste il suffit de la demander) et qu’Yggdra a raison : à ce rythme-là on va jamais y arriver, surtout si TJW s’y met. D’un côté ça m’arrange, flemmard comme je suis ça me donne une excuse pour pas m’étaler dans ces parages : "je sais pas quoi choisir, je sais pas par où commencer." Du coup si l’idée c’est de rendre service (un crédo chez moi) le mieux c’est de pas vous emmerder trop longtemps. 33 minutes, c’est la durée de ce disque, voyez, ça sera pas long (le dernier Ron Gallo que j’écoute à l’instant culmine à 35 ça fait déjà trop). Et la dernière fois qu’un disque faisait 33 minutes vous ne vous en souvenez même plus mais c’était un 33T (haha!), soit de JJ Cale soit des faux-frangins Ramoneurs. Tentant serait le raccourci suivant et vous l’attendez au tournant :  "et justement, si on croisait l’un avec les autres"… que dalle, n’y comptez pas ! Pas non plus de temps à perdre à analyser la production ou la richesse de l’instrumentation là y a qu’une voix et une guitare, autant dire que c’est du frugal. Enfin non, y a aussi une trompette. C’est avec sa bouche qu’il fait la trompette mais on s’y croirait. Ah, la chambre d’écho aussi il la fait très bien, mais comment vous dire, mais comment vous dire, j’aurais du mal à la décrire, j’aurais du mal à la décrire. Ben Vaughn est un drôle de lascar, ses morceaux les plus guillerets sont parfois les plus noirs, et vice-versa, et derrière la légèreté d’un couplet vous reviendra la férocité, souvent auto-dirigée, du propos. Le plus fort étant que ça sautera aux oreilles de tous, même ceux peu roués aux subtilités de la langue de Shakespeare (dont il paraît qu’elle était pâteuse tous les matins vu qu’il se torchait la gueule tous les soirs, mais c’est une autre histoire). Les textes de Ben Vaughn sont d’une accessibilité déconcertante, il suffit d’un minimum d’attention pour tout capter, et croyez-moi la récompense est au bout de l’effort. Goûtez-moi donc ce florilège miraculeux de fausse naïveté, de douce-amertume, d’humour décalé, de bonne humeur malgré tout et de culture rock’n’rollienne profonde. Cette culture se glissera en douce, sans ostentation aucune, au détour de petites phrases ou dans le titre même de certaines chansons de cet Imitation grain and other folk songs qui, comme sa pochette et son titre en témoignent, ressemble à une petite récréation que l’ami Ben (ça c’est de la formule !) se serait accordée entre ses activités multiples et variées que je vous laisserai découvrir ailleurs si ça vous intéresse. Sachez juste qu’il diffuse une émission radio hebdomadaire, pas de tabouret dans le studio parce qu’"assis tu peux pas danser", compose des génériques Ciné-TV, produit d’autres artistes, a enregistré des disques tout seul dans sa voiture ou dans le désert, avec différents groupes, et même avec Kim Fowley ou Chilton & Vega (si-si!), ça c’est pour le boulot, et possède Metal machine music en cartouche 8 pistes pour l’écouter dans sa voiture, ça c’est pour la culture (et en plus ça rime). De mon côté, dès le jour où j’ai acheté Blows your mind (c’était un 33T qui durait plus de 33 mn), juste parce que j’en trouvais le nom du mec et la pochette géniaux, je me suis décrété Plus Grand Fan du Monde de Ben Vaughn, en accord avec moi-même. C’est un peu prétentieux mais c’est pas grave, à part vous personne n’est au courant. Depuis ce jour de 1988 jamais le  loustic ne m’a déçu. Certes il faut parfois batailler ferme pour trouver ses enregistrements, ou compter sur le hasard, mais le résultat en vaut toujours la peine, comme l’effort cité plus haut. On n’a rien sans rien. Imitation wood grain, bien qu’un peu à part dans sa discographie, m’a transporté dès la première mesure dans cet univers dans lequel je me sens comme chez moi, si ce n’est que chez moi y a des tabourets. Pourtant l’exercice du disque acoustique ultra-dépouillé c’est casse-gueule (sauf quand on s’appelle, au hasard, Tony Joe) et le résultat oppose régulièrement l’attitude : "il est génial ce disque", au comportement : "je ne l’écoute jamais". Moi j’ai un truc si je veux pas me mentir, je jette un coup d’œil au compteur iTunes. Alors certes Jurado écrase la concurrence mais au milieu d’une cuvée 2018 d’une richesse étonnante (si vous voulez la liste etc.) ce Ben Vaughn… bah ce Ben Vaughn je l’écoute tout le temps quoi. Et chaque fois que je l’écoute, devinez quoi : il Blows my mind. Conclusion pourrie, c’était juste pour voir si vous suiviez.
Everett W. GILLES [Please take some time and leave a comment !]
 

 
01 - When Love Returns
02 - People It's Bad
03 - Meanwhile (Back In The Jungle)
04 - Look What The Cat Dragged In
05 - Imitation Wood Grain
06 - Rock Bottom
07 - Rain Songs
08 - Echo Chamber Blues
09 - Somebody Don't Love Somebody
10 - Apropos Of Nothing
MP3 (320 kbps) + front cover
 
 

27 commentaires:

  1. Ah, cet Everett, en voilà un ami qui me comprend et n'essaye pas de me refourguer un baratin soit disant consolateur. Comme il l'écrit, son credo, c'est d'aider, et c'est vrai. Parce que, pour tout vous dire, je suis en pleine tempête sentimentale à cause d'un coup de foudre aussi inattendu que non partagé. Bref, je morfle méchamment, et j'ai adoré que ce disque me vienne en aide. Il y a une phrase qui m'a marquée: "Ben Vaughn est un drôle de lascar, ses morceaux les plus guillerets sont parfois les plus noirs, et vice-versa, et derrière la légèreté d’un couplet vous reviendra la férocité, souvent auto-dirigée, du propos." C'est ce que j'ai ressenti et, sans pouvoir bien l'expliquer, j'ai trouvé ça génial. Merci, Everett et merci Ben.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. ''L'ami Ben'', c'était une formule, elle prend ici une autre dimension.
      C'est dommage que ce soit en de cruelles circonstances, mais nos disques sont là pour ça et fuck, bordel de merde, ce disque est vraiment génial.
      Hang on JJ

      Supprimer
    2. Hardi petit, comme disait Céline!

      Supprimer
    3. Il avait le sens de la formule lapidaire !

      Supprimer
  2. Ben (non, ben en français) puisque vous voilà tout les deux autour de cet artiste. L'artiste que je ne connais que grâce à vous. Il y en a comme ça, on ne les aurait jamais connu autrement, presque certains. Là où je suis je ne peux pas prendre l'album, mais du coup je me suis refais le "Jerry Lewis In France" souvenir d'association d'idée. Et "Cubist Blues" surtout en public. Voilà, juste de passage. Merci

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. ... Ha et puis la chronique. Une véritable empreinte digitale.

      Supprimer
    2. ''Jerry Lewis In France'' et ses lyrics tellement représentatifs du bonhomme ...
      Dépêche-toi de sortir de la cage de Faraday (ou la cellule de dégrisement) qui t'empêche d'écouter celui-ci, nom de nom !

      Et merci à toi

      Supprimer
  3. "Ben Vaughn blows your mind", on peut dire que tu m'avais bassiné avec ce disque si bien que je l'avais acheté illico d'autant que la pochette me plaisait bien.Alors je n'arrivais pas à le ranger dans la discothèque, finalement je l'ai glissé entre l'intégrale des GROOVIES (période LONEY) et celle des CRAMPS Qu'est ce que tu en dis? je pense qu'il se sent bien là.Peut être qu'il faudrait que je le déplace avec les JURADO et PROPHET, ouvrir un petit rayon EVERETT le prosélyte du rock ou peut être à coté des Real Kids?. Oh les copains les démos des Real Kids 74/77 c'est de la boucherie faut pas rater ça.
    Merci pour ce moment et la bise à l'ami Ben
    Duke

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui hein ... Arfff, trente ans plus tard et j'ai pas évolué, ça fait peur !
      Ton rangement évolutif y a pas mieux, si j'osais je parlerais de panthéon mais le terme t'appartient définitivement et je te laisse l'honneur de la majuscule.
      Real Kids, Eternal kids !
      Thanx Bro

      Supprimer
  4. Hardi petit ! comme disait le professeur (seuls les vrais savent :) )
    j'ai pas (encore) écouté l'album (je reviendrai vous en causer, ne rêvez pas)...
    mais ... putain... chui cité !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
    voilà, il est tôt mais chui crevé, j'vais aller tenter un rendez-vous (trop de fois manqué) avec Morphé (histoire de moins morflé... quand je dis que chui crevé) mais j'y vais avec la fierté d'avoir été cité (et pas par n'importe qui :)). whaou
    Ygg

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ben c'est normal que je te cite, c'est ta remarque qui a fait tilt, et comme je mets assez peu de filtres entre mon pauvre cerveau tordu et mon clavier ... Allez, lâche Morphée et rejoins l'ami Ben, rien de tel pour entamer la journée.

      Supprimer
    2. ouais mais tout de même ! (à te lire, je m'imagine errant dans les cerveaux comme dans les caveaux :) )
      morphée n'a pas trop voulu de moi, même pas la faute à pas de chance c'est juste que j'ai un scénar sur le feu et que ces idiotes d'idées se sont donné rendez-vous dans mon cave... cerveau en pleine nuit. le matin fut donc à coup de Miles Davis et de Fela Kuti (zombie, qui peut se passer de se morceau).
      et puis ensuite, juste après le miam et avant le thé hop je lance ben Vaughn sans rien connaître au gars (juste la chronique ici).
      franchement...je me suis dit "euh... ouais... cool... mais bof en fait", j'veux dire pour moi un mec avec une guitare en bois c'est soit Brassens, soit un vieux bluesman qui vient me proposer de troquer âme contre celle d'un chat noir (non ! pas dans un caveau à un carrefour). ... pis trois chanson plus tard m'vl'a qui chantonne ! je suis le premier étonné (je me suis même regardé dans une glace pour vérifier si c'était bien moi). C'est fou ça. la musique est fraîche, pimpante sans jamais être ridicule, niaise ou surjouée, des compos sympas avec ce qu'il fait d'entêtant et de fantaisie pour percer la boîte crânienne et, effectivement, la couche de parole faussement guillerette (enfin si, le ton est guilleret) qui pique dans le gras du monde avec un air de boucher pas tranquille. y'a un côté JJ Cale qui enregistre derrière sa caravane, c'est très intimiste.
      franchement, ça fait plaisir de passer et d'échanger ici parce qu'on trouve des disques comme celui-ci (et d'autres hein) et des gens suffisamment fous et paisibles pour les écouter et les aimer.
      Ygg

      Supprimer
    3. Ben Vaughn est un magicien, j'en étais sûr, et j'en ai la confirmation dans tous vos avis !

      On trouve ici de super disques, de super chroniques (et là je ne parle pas des miennes) et, surtout, de super commentaires.

      Un scénar ... tu nous attises là ...

      Supprimer
  5. J'avais écouté Rambler 65 qui m'avait bien plu. Encore un bon petit gars qui ne se facilite pas la vie et suit un itinéraire tout de travers (en plus sans tabourets...). Et puis quand on se retourne, on voit qu'il a parcouru un sacré chemin. Talentueux et attachant. Je vais écouter celui-là.
    Merci pour le partage. Gil

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tout juste.
      Et les itinéraires en travers, mais comment qu'on aime ça !
      Merci de ton passage, toujours aussi éclairé/ant

      Supprimer
  6. Tin, un moment j'ai cru que le mec qui présente téléfoot s'était mis à la gratte.
    C'est une nouvelle découverte pour moi, avant que je devienne branleur j'écoutais pas ce genre de mec. Bon, là je suis moyennement bof avec Imitation (aime pas trop danser la gigue), mais je suis parti direct sur Blows 1988.. et là ça m'emballe sec, et en plus le son est bon.. pour l'époque.
    Une nouvelle fois merci pour le Ben l'Evrett.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'avais bien remarqué qu'il ne ressemblait pas au présentateur du Journal du Hard mais comme ça n'ajoutait rien à l'intrigue je l'ai pas mis.
      Fais gaffe, ça commence par Blows puis ça s'insinue et 30 ans plus tard t'as pas bougé d'un pouce ...
      Thanx Cha !

      Supprimer
  7. Voilà c'est fait, c'est en train de se faire et ça le fera. J'ai en tête toute une tartine de commentaire. L'écoute d'un disque aussi dépouillé et acoustique m'est venu finalement tardivement (1995 Mike Scott). Gamin puis ado, du joueur de guitare isolé je me moquais. En partie une posture, en parti quelques potes vraiment pénibles. Du coup Mooonsieur voulait du gros arrangements, de l'orchestre, du gros son. Dylan? Dès qu'il électrise. C'est en 95 avec le Mike Scott (Waterboys) "Bring them all" Une erreur de ma part, mais ce disque m'a pris par surprise. Depuis je sais comment m'y mettre. Je me pose, j"ouvre mes bras en grand et je me laisse faire. Ou bien je m'accoude le menton dans la main et je réfléchis à rien. Ben, ça colle. Tu as raison, il y a des phrases qui résonnent bien. La magie c'est quand tu as l'image du type en face avec sa guitare qui bouge en me^me temps que lui, la pochette aide. C'est bien simple après quelques écoutes de l'album et son Ppoouuu Ppooouuu je me suis mis "les copains d'abord" de Brassens qui lui aussi joue bien de la trompette. Hé mes vieux potes du lycée, pardon, revenez me jouer un ou deux trucs, je suis fin prêt maintenant. Merci M'sieur EWG

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah ouais, toi aussi tu parles de magie, il me semblait bien !


      Mon ex-prof d'anglais au boulot est la sœur de Karl Wallinger, c'est le plus proche que j'aie pu être d'un disque des Waterboys ... (mais ça n'a rien à voir, c'est pour l'empreinte digitale)

      Supprimer
  8. Super, merci. Quoiqu'il fasse, ce mec est toujours bon. Et le double avec Alan Vega et Chilton, c'est du bon, du très bon... Merci encore.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je suis bien d'accord, va falloir se battre pour le titre maintenant (de Plus Grand Fan du Monde), je m'en doutais un peu ...
      Thanx

      Supprimer
  9. Compliment presque ultime: certaines chansons ne juraient pas sur un album de Jojo Richman.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Y a comme un air de famille, c'est indéniable.
      Le ton de voix fait la différence, mais on est sur la même étagère, celle du haut !

      Supprimer
    2. Bon alors quoi il faut encore que je refasse mon rangement ?
      L'idéal serait de n'avoir qu'une seule étagère haute alors...
      Le duc

      Supprimer
    3. Ouais, et un paquet de cartons dans la cave...

      Supprimer
  10. Sympathique et une carrière honnête le Ben Vaughn comme beaucoup d'autres ,(Steve Forbert, Joe Ely, Matthew Sweet, etc.) mais sinon qu'on ecoute au final pas si souvent que ça (enfin en ce qui me concerne). Sinon, je compatis pour la mélancolie. J'ai vécu la même chose t'a quelques mois au boulot. Je dirais pas un coup de foudre mais plus un coup de cœur non partagé. Il est vrai que j'étais un peu beta, la jeune fille avait 30 ans, soit 15 ans de moins que moi, ça aide pas! Au final, on s'en remet. Parfois les coup de cœur sont trompeurs, on s'emballe un peu vite...Au final, je me suis aperçu au fil des semaines que cette fille n'etait pas pour moi et était plus une attraction physique qu'intellectuelle, émotionnelle,

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'écoute souvent Ben Vaughn et Matthew Sweet, mais je ne suis pas une référence. Joe Ely je dis pas. Pour le reste, no comment.
      SI, merci d'être passé !

      Supprimer