Vite, une cuvette ! J'ai envie d'insulter, de crier et de pleurer mais avant ça, il faut que je régurgite rapidement ! Non, Monsieur Manset, vos admirateurs n'ont pas boudé vos deux précédents disques parce que vous y racontiez des histoires à travers des "concept albums" mais parce qu'ils étaient extrêmement mauvais - et celui-ci s'avère du même tonneau de liqueur frelatée. Ce "Crabe aux pinces d'hommes" (passons sur ce titre inepte) ne contient pas l'ombre d'une chanson ni le reflet d'une véritable mélodie. Tout au long (il m'a paru interminable) de ce machin informe, on a l'impression de dérouler un vieux papier peint bas de gamme... La moindre des déférences quand on est en panne d'inspiration, c'est de soigner la présentation. Ici, l'instrumentation est abominable : boîte à rythmes paraplégique; cuivres en plastique; orgue dégoulinant; guitare rappelant les pires heures du hard FM... Toute cette immonde quincaillerie se mêle et s'entremêlent dans un vilain chaos. Evidemment, chanter au milieu de ce bourbier n'est pas chose aisée. Les années ont fait perdre une octave au vieux bougre, mais ça ne l'empêche pas d'essayer des falsettos encore plus ridicules que ses tentatives, pourtant bien gratinées, de "talk over". Les textes pourraient sauver la mise. Hélas, dès qu'une phrase nous accroche (malgré les redites qui frôlent l'auto parodie), elle est écrabouillée par une rime téléphonée ou ridicule. "Ridicule", voilà deux fois que j'utilise l'adjectif, et je crois qu'il résume assez bien l'ensemble de cette œuvre complaisante et grotesque. Malgré ce qu'en dit l'adage, je crains qu'il ne puisse tuer.
Jimmy JIMI
J'avais pas prévu de l'écouter mais à la lecture des cuivres en plastique j'ai failli craquer.
RépondreSupprimerMais ça va, j'ai tenu bon.
Je pensais que tu céderais pour les guitares hard FM, comme quoi on se fait de fausses idées sur les gens!
SupprimerJ'ai adoré cet album où Tintin rencontre le capitaine Haddock. Loin d'être ridicule cet Hergé. Il y a aussi les nouveaux bruitages de Pascal Comelade qui lui n'est pas grotesque et complaisant.
RépondreSupprimerJe n'ai pas encore écouté le nouveau Comelade, mais ça ne saurait tarder.
SupprimerTon indignation et ton violent tacle m'ont fait sourire. Plus on a aimé moins on pardonne. Je suis en grande partie d'accord avec toi, sur les arrangements et les textes peu inspirés. Mais bon, c'est le moins mauvais des derniers et je n'ai pas tout détesté, peut être que j'avais besoin d'un peu de nostalgie (ma mère ayant décidé de s'absenter pour toujours, et dire qu'elle s'est faite voler sa sortie par la Queen de quelques mois sa cadette), Manset (le bon, l'ancien) me faisant repenser parfois à elle.
RépondreSupprimerJe te présente toutes mes condoléances pour la perte de ta maman (je sais, hélas, le mal que ça fait).
SupprimerC'est Francis (mon partenaire de blog) qui, en me disant, faut qu'on se motive pour publier quelque chose qui m'a donné l'envie de refaire un tour chez toi. Je vois que tu as retrouvé la flamme et en suis ravie!
RépondreSupprimerPour ce qui est de Manset, ça m'a toujours parlé de loin. Je ne me suis jamais sentie très proche de sa musique, même si je connais beaucoup d'album. Bashung me parle/parlait plus. Y compris pour les textes. Et j'ai l'impression que cela fait 30 ans qu'on dit ça de ses disques (en gros, d'où date le dernier que j'ai écouté de lui).
Heureux que tu viennes chercher de la motivation chez moi! Non, ça ne fait pas 30 ans; ce sont les trois derniers albums qui sont conspués.
SupprimerEh ben dis-donc.... je m'en vais derechef poursuivre l'exploration de la magnifique discographie du pianiste Lars Vogt, décédé tout récemment et bien trop tôt du "crabe", justement... Qu'il est doux d'être un amoureux de musique classique...
RépondreSupprimerOn va chercher du réconfort où l'on peut.
SupprimerSon chant est pour moi un obstacle. J'ai tout de même adoré "La Mort D'Orion" une belle époque où de nombreux artistes Français ne craignaient pas la prétention des mélanges de genres. Colombier, Vannier, Gainsbourg, Goraguer... j'en oublie, Manset en fait parti. Mais cela ne m'a pas suffi pour adopter.
RépondreSupprimerJe me suis promis d'insister sur un album, parfois c'est nécessaire comme clé. Alors? "Matrice" "Siam"? J'ai bien compris que pas le dernier même si je lis des avis partagés et toujours aussi violents et/ou drôles.
Alors? Un conseil?
L'atelier du crabe et royaume de siam pour moi
SupprimerA mon sens, "Royaume de Siam" (1979) est une bonne porte d'entrée (mais dans la version vinyle pas celle traficotée du CD). Sinon, je pencherai vers "Comme un guerrier" (1982) ou "Matrice" (1989), "Revivre" (1991) et "Jadis et naguère" (1998)...
SupprimerAdopté "SIAM" que l'ami JPD nous avait proposé en version Vinyle d'ailleurs (il y a 10 ans!!)
SupprimerC'est peut être que justement Manset n'est jamais et n'a jamais été en panne d'inspiration. Du coup il balance tout, quitte à perdre l'auditeur, du moins les moins sensibles.
RépondreSupprimerIl faut pourtant n'être guère sensible pour parvenir à supporter le bruit de casserole de sa boîte à rythmes!
SupprimerLa boite à rythmes, Manset l'utilise depuis des siècles. Elle était présente sur Matrice et Lumières, deux de ses albums phares, très largement salués par la critique et par les fans. Aujourd'hui, elle semble être découverte avec effarement par certains. D'autres, dont je fais partie, sûrement sourds comme des pots, supportent avec un grand plaisir le bruit de casseroles. LE MONSIEUR TE DIT...
SupprimerJe n'ai rien contre les boîtes à rythmes quand elles sont utilisées convenablement, tel que c'était le cas sur les albums que vous citez. Mais à quoi bon échanger puisque vos derniers mots tentent à prouver que vous ne supportez pas que l'on soit d'un avis contraire au vôtre et que cela vous fait perdre le sens des courtoisies!
SupprimerExact, mais ça à l'air réciproque. Parce que , votre courtoisie vis à vis de Manset, me semble des plus limite...
SupprimerEt je crois que vous n'avez pas compris les derniers mots de mon commentaire du 15 Septembre. Je ne sous-entendais rien d'incorrect, c'était juste une référence aux sketches des Guignols, sur la supposée surdité de Giscard, surdité que vous semblez attribuer à tous ceux, dont je fais partie, qui ne sont en rien gênés par la boîte à rythme utilisée sur ce disque. Et je ne suis pas seul: "Un disque hypnotique et ambitieux, d'un Manset lyrique et poétique", selon "RollingStone" de Novembre.
SupprimerPour oser publier une telle critique, de tels commentaires, il faut, soit n'avoir pas écouté cet album, soit avoir décidé de le descendre avant même son écoute. Des titres comme" L' espérance", "Sandales noires", "Mais elle est là", sont des sommets poétiques, certains bien noirs comme seul Manset sait les chanter (13 minutes d'agonie d'une jeune fille dans"Marie Lou"). Quant à sa voix et ses variations, elle est comme le bon vin et s'améliore avec le temps. Vous n'aimez pas, tant pis pour vous, je vais me régaler avec une quatrième ou cinquième écoute. Et je n'ai pas fini...
RépondreSupprimerBonjour cher Anonyme. Je n'avais absolument pas décidé "de le descendre avant même son écoute". J'adore Manset depuis l'achat du 45 tours "Il voyage en solitaire" (j'avais onze ans, alors). Je possède tous ses disques et même l'une de ses rares toiles (un portrait de David Bowie), mais j'ai détesté cet album comme les deux précédents - il me semble que j'ai le droit d'exposer mon ressenti comme vous avez le droit d'aimer ce disque.
SupprimerJ'ai fini par comprendre ce qui me plaisait chez Manset quand j'étais jeune, et qu'il l'était aussi, en tout cas plus que maintenant, et du coup ça ne me fascine plus du tout. Et me voici délivré du besoin jadis compulsif d'écouter ses disques.
RépondreSupprimerD'avoir lu son récit "Royaume de Siam", une version "frontal nudity with explicit lyrics" de "A nous les petites thaïlandaises" n'a rien arrangé.
https://fr.b-ok.cc/book/3923190/8b1da2
Bien sûr, j'ignore ce que j'aurais fait en pareil cas.
J'en aurais sans doute pas tiré un livre, en tout cas.
Il faut croire qu'à l'époque, c'était tendance.
Je ne l'ai pas lu mais même si l'objet est supposé être un roman, c'est plus qu'ambigu...
SupprimerPas le meilleur manset mais le plus mauvais mes préférés royaume de siam matrice train du soir
RépondreSupprimerMince, on vous a piqué la ponctuation! Mais je crois que j'ai compris l'essentiel!
SupprimerManset, oui long sujet… Ses derniers albums sortent, on les écoutent, on essaie une deuxième écoute, reste deux/trois chansons, mais ils terminent sur les étagèrent du désespoir. J'ai quand même essayé de réécouter "Comme un légo", mais Bashung est passé par là.
SupprimerSinon il nous a laissé "Jeanne", "2870", "Royaume de Siam", "L'atelier du crabe', "Le Train du Soir"…, bien sûr en version originale. Et rien que ça…
Jean-Paul
Personnellement, pour les trois derniers albums, je n'ai pu tenter ne serait-ce qu'une deuxième écoute: j'ai trop souffert à la première. "Les étagères du désespoir", c'est tout à fait ça et c'est plus beau que ses derniers textes. J'adore les deux versions de "Comme un Lego", j'aime les écouter à la suite l'une de l'autre. L'album "Manitoba ne répond plus" était encore plus que digne. A moins d'un miracle, je crains que ce ne fut le dernier...
SupprimerCher Jimmy, je n'étais pas passé sur ton blog depuis un moment et je vois que tu es revenu en pleine forme. Petit problème : tu n'as trouvé que du vinaigre pour alimenter ta plume ! Certes, les sujets (et notre bas monde) méritent un bon degré de révolte, mais à quand une bonne thérapie sur un album coup de cœur ?
RépondreSupprimerA bientôt, pour le meilleur
Gil
La "bonne thérapie", ce sera pour pas plus tard que tout à l'heure!
SupprimerLien mort...un nouveau lien si vous plait Jimmy!
RépondreSupprimerMerci!
"Manset ne doute même pas qu'il vient de réaliser un des disques les plus monstrueusement bizarres de l'année, entre Phil Spector déglingué chez Leonard Cohen et le facteur Cheval monté par Don Quichotte, Cabrel crade et feu-Kim Fowley embrasé."
RépondreSupprimerC. Conte, Libération
C'est bien gentil d'écrire de jolies formules très lyriques, mais ce disque est bâclé et raté; c'est bien triste, mais c'est la sinistre vérité. Phil Spector avec ou sans Cohen aurait préféré se tirer une balle dans l'oreille plutôt que d'enregistrer cette boîte à rythmes claudicante...
SupprimerJe n'ai jamais aimé Manset. Peut-être parce que je connais mal. Toujours est-il que cette chronique ma presque donné envie d'écouter ce disque. Presque. Alors histoire d'écouter quelque chose qui vaut le coup, quel(s) album(s) me conseilles-tu ?
RépondreSupprimerComme je l'ai déjà écrit plus haut, A mon sens, "Royaume de Siam" (1979) est une bonne porte d'entrée (mais dans la version vinyle pas celle traficotée du CD). Sinon, je pencherai vers "Comme un guerrier" (1982) ou "Matrice" (1989), "Revivre" (1991) et "Jadis et naguère" (1998)...
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