On a écrit beaucoup de bêtises
sur la mort de Mozart. Le médecin français Lucien Karhausen en recense 140,
augmentées de 27 troubles mentaux supposés. Parmi elles figurent l’assassinat
par un mari jaloux, l’empoisonnement par Salieri, une fracture du crâne, la
tuberculose. La vérité est, ne vous en déplaise, beaucoup plus simple. A la fin de l’année 1791, Vienne
est le siège d’une épidémie de streptocoque, comme en attestent les registres
des décès des hôpitaux de la ville. Selon toute vraisemblance, c’est donc une
infection rénale avec streptocoque qui aurait entraîné un œdème accompagné
d’une forte fièvre. Le Mozart de cette fin 1791 est un homme au bout du
rouleau, ruiné, obèse, qui compose dans son lit dont il ne peut plus se lever.
Quelques mois auparavant,
Wolfgang Amadeus avait reçu la commande d’un requiem de la part de l’émissaire
d’un mari éploré dont l’épouse venait de décéder. Le mari en question se révèle
en réalité être le Comte Franz Paula Josef Anton, Comte von Walsegg, qui avait
la fâcheuse réputation de s’attribuer les œuvres commandées aux compositeurs
célèbres de son époque. Il s’était ainsi attribué la paternité des Sept dernières paroles du Christ de Joseph Haydn qu’il avait dirigées en 1787. Le Comte von Walsegg ayant déjà
payé une grosse partie de l’œuvre, Constanze, la veuve de Wolfgang Amadeus,
s’attellera à faire terminer la composition du Requiem par les disciples de son
défunt mari. Ce sont Joseph Ebler et surtout Franz Xaver Süssmayer qui s’y
collent. Les deux seuls mouvements achevés au jour de la mort de Mozart sont
donnés le 10 décembre 1791, cinq jours après le décès de son compositeur. Il
s’agit de l’Introitus et du Kyrie. La version définitive de l’œuvre est créée
le 14 décembre 1793 à l’abbaye cistercienne de Neukloster sous la direction du
Comte von Walsegg qui présente le Requiem comme étant de sa main. On s’accorde à considérer
l’interprétation de Karl Böhm comme la version de référence du Requiem, même si
je lui préfère celle de Philippe Herreweghe. Pourtant, je vous propose ici la
version du London Symphony Orchestra (L.S.O. pour les intimes) dirigée par un Sir
Colin Davis survolté. C’est d’ailleurs tout l’orchestre qui est sous
amphétamines, et tout particulièrement le chœur, dynamisé par son chef et la
présence du public. Il s’agit en effet d’une captation live effectuée en septembre et en octobre 2007 au centre culturel The
Barbican de Londres où le L.S.O. est résident.
ZOCALO [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]
01 - Mozart Requiem Mass in D minor, K626 - Movements 1 & 2- Introitus – Kyrie
02 - Mozart Requiem Mass in D minor, K626 - Movement 3a. Sequenz- Dies irae
03 - Mozart Requiem Mass in D minor, K626 - Movement 3b. Sequenz- Tuba mirum
04 - Mozart Requiem Mass in D minor, K626 - Movement 3c. Sequenz- Rex tremendae
05 - Mozart Requiem Mass in D minor, K626 - Movement 3d. Sequenz- Recordare
06 - Mozart Requiem Mass in D minor, K626 - Movement 3e. Sequenz- Confutatis maledictis
07 - Mozart Requiem Mass in D minor, K626 - Movement 3f. Sequenz- Lacrimosa
08 - Mozart Requiem Mass in D minor, K626 - Movement 4a. Offertorium- Domine Jesu
09 - Mozart Requiem Mass in D minor, K626 - Movement 4b. Offertorium- Hostias
10 - Mozart Requiem Mass in D minor, K626 - Movement 5a- Sanctus
11 - Mozart Requiem Mass in D minor, K626 - Movement 5b- Benedictus
12 - Mozart Requiem Mass in D minor, K626 - Movements 6 & 7- Agnus Dei – Lux aeterna
MP3 (320 kbps) + front cover
On a écrit beaucoup de bêtises et on en a même filmées (suivez mon regard)! Mon interprétation préférée demeure celle de Daniel Barenboim avec les chœurs et l'Orchestre de Paris, sans doute parce que c'est par elle que j'ai découvert ce chef-d’œuvre que je place quasiment au-dessus de tout. Je l'ai tellement écoutée et par des chefs, des orchestres et des chœurs différents que je me régale à noter chaque petits détails, même si je suis très loin d'être un spécialiste. Ici, c'est surtout les chœurs qui m'a intrigués, mais je ne possède pas le vocabulaire pour offrir davantage de précisions!
RépondreSupprimerDaniel Barenboim est l'un de mes musiciens préférés, toutes catégories confondues. Comme pianiste, comme chef d'orchestre, mais aussi comme fils spirituel de Sergiu Celibidache, pour qui les mots me manquent à exprimer mon admiration.
SupprimerDe toute façon, ce n'est pas Mozart qui écrivait ses textes, Corneille était son nègre, c'est ma coiffeuse qui me l'a dit.
RépondreSupprimerExactement comme Shakespeare, c'est un autre mec qui écrivait ses pièces; et le plus marrant, c'est qu'il s'appelait également Shakespeare.
SupprimerJuste magique. Frissons garantis à chaque écoute.
RépondreSupprimerJe ne suis pas un grand amateur de la musique sacrée de Mozart (par ailleurs assez peu abondante), que je trouve plus "spectaculaire" que l'expression d'une foi profonde (contrairement à Bach par exemple). Je ne collectionne donc pas, comme certain, les versions du "Requiem', ce qui ne m'empêche pas de disposer quand même de plusieurs versions baptisées dorénavant "historiquement informées" : Harnoncourt, Malgoire, Kuijken ou Currentzis... à votre disposition si vous êtes intéressé(e)s !
RépondreSupprimerBien vu, AreWe, je collectionne les versions du Requiem, en effet. J'avais même pensé à publier un Requiem joué par un orchestre différent pour chaque mouvement. Mais ça, je l'avais déjà fait chez Keith (http://keith-michards-compiles.blogspot.com/2016/12/carre-das-les-quatuors-par-zocalo.html).
SupprimerEt puis la version de Colin Davis s'est imposée d'elle même.
Quant au côté spectaculaire du Requiem, il faut bien savoir que c'est une tradition. Une grande partie des oeuvres religieuses sont en fait un prétexte pour impressionner les élites qui pouvaient accéder à cette musique. L'Eglise du 18ème siècle voyait cela d'un oeil bienveillant.
SupprimerAntonio Vivaldi, qui était lui-même un ecclésiastique, n'était pas non plus le dernier à composer des oeuvres virtuoses dans un contexte sensé appeler au recueillement et à la solennité.
SupprimerUn peu con, le Wolfgang : pour ses textes, il aurait dû prendre Plamondon !!!
RépondreSupprimerRequiem aeternam dona eis, tabernacle.
SupprimerDomine et lux perpetua luceat eis et caribou.
Te decet hymnus Deus in Québec et tibi reddetur votum in Montreal.
Décidément, j'aime toujours autant les grands écarts musicaux qu'on trouve sur ce blog. J'en connais une version, celle du fort connu Jesaispastropqui (vous devez vous aussi connaître certaines de ces œuvres car il n'a pas écrit que de la musique classique). Je vais donc pouvoir comparer moi aussi... ^-^
RépondreSupprimerJe pensais à notre Jimmy en fait, collectionneur de l'oeuvre également...
RépondreSupprimerContent de voir que tu confirmes mon impression sur la musique religieuse de Wolfie... Si je privilégie les versions du "Requiem" avec instruments et effectifs d'époque, ce n'est pas par purisme (j'ai entendu hier une version très émouvante d'un madrigal de Monteverdi enregistrée dans les années 30... avec un piano), mais parce qu'elles rendent une atmosphère d'intimité et de recueillement...
Il faudrait écrire aussi sur cet autre chef d'oeuvre, beaucoup moins connu, qu'est "Les sept dernières paroles du Christ" de Joseph Haydn, qui existe (fait unique je pense) à la fois comme quatuor à cordes, pièce pour piano seul oratorio...
Quand j'ai commencé cette série de grandes oeuvres classiques, j'avais appelé les fidèles de Jimmy (les Lustucrus !) à publier leurs versions de référence. Vas-y, AreWe, j'attends avec excitation ton post sur Les Sept dernières paroles du Christ. Avec le visuel et le texte de présentation.
SupprimerLa grande classe serait de publier les 3 orchestrations, pourquoi pas ?
SupprimerEffectivement les trois ou rien !
SupprimerOops j'ai failli rater ce grand moment Merci.
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