
L’heure est venue de passer à la caisse, le Duke, prépare la
monnaie tu vas payer pour ton aveugle ignorance et tes jugements hasardeux. Tu dois casquer aussi pour le dédain de tes compatriotes. Et Patti Smith, la vieille
hippie, va aussi cracher au bassinet pour les péchés qu’elle n’a pas commis tant
qu’à faire ! Mais comment ? Alors qu’on nous abreuve jusqu’à la
nausée de commémorations (les tranchées de
Verdun, la momie de Bowie qui revient pour remixer ou faire carrément réenregistrer ses albums les plus mauvais...), plus d’un an après la
disparition de ce monument du rock'n'roll que fut Tom Petty, aucune rétrospective, aucune
couverture, pas une ligne de blog ne lui
a été consacrée (ou si peu) que ce soit sur le vieux continent ou sur l’ile
maudite sécessionniste qui vénère
maintenant l’Americana, la
musique qu’il a lui-même inventée ! J’avais lâché l’affaire Petty au début des années 80 après ses trois premiers albums (trop)
impeccables. Un Moon Martin de plus me disais-je à tort. Bien que j’adorasse le
binocleux, je ne le voyais pas non plus faire une carrière à la Randy Newman. Il faut
dire aussi que je n’avais pas beaucoup le
goût pour ces nouveaux adorateurs de Bob
Dylan et surtout celui du New Jersey en grosses bottes de chantier et bandana braillant son amour de l’Amérique des blue collars pour finir par michetonner sur Broadway à huit cents
dollars le ticket ! Mes préférés resteront à jamais Mott the Hoople et leur "Dylan Glam", car, au moins, ils n’avaient pas l’outrecuidance de laisser entendre dans la presse qu’ils allaient succéder au "Zim",
il ne manquerait plus que ça pour des
anglais ! Donc, au mitan des eighties, j’avais mis dans un sac poubelle
tous ces rejetons de MTV, de Dire
Straits à Nirvana en passant par les Guns, bien serré la ficelle et balancé le tout dans
le container à ordures avant de sombrer dans une amnésie salutaire qui durera
plus de quinze années. Ouh, ouh, je me
réveille ! J’ai raté quelque chose ? Ben oui,
j’avais raté Tom Petty And The Heartbreakers ! Les Heartbreakers (les vrais) sont un
putain de groupe à l’américaine (à ne pas confondre avec la clique d’imposteurs
manchots de Johnny le poudreux qui
auront percé, il est vrai, plus d’oreilles que de cœurs). Si on veut chercher
une comparaison britannique ce serait The Rumour pour Graham Parker. Mike Campbell,
leur artilleur en chef est un guitariste hors pair qui ne fait pas dans l’esbroufe
et les "zigouigouis" dans le bas du manche. Plutôt un admirateur du
jeu en arpège de Chet Atkins qui s’est mis à collectionner les guitares tel un
peintre ferait de ses gouaches pour colorer les morceaux en
tonalité de Gretsh hollow body ou de Rickenbacker 12 cordes à la Jim Mc
Guinn… Le truc auquel n’aurait jamais pensé Johnny Ramone qui
n’utilisait qu’une seule couleur pour barbouiller ses comics. Le patron ne crache pas non plus sur la belle camelote comme
l’indispensable Télécaster laquée blanche ou cette Gibson flying V qui lui
va si bien qu’elle ressemble à la flèche qu’il darde dans nos cœurs. Benmont
Tench aux claviers et l’ex Stooges (sic !), multi-instrumentiste, Scott
Thurston (depuis 1991) complètent la colonne vertébrale de ce groupe extraordinaire qui supporte Petty
depuis ses débuts avec Mudcrutch. Si j’ai un conseil à donner à tous les groupes amateurs, essayez de reprendre un morceau en apparence simple du style de Refugee et vous allez
tout de suite être fixés sur votre capacité à jouer en place. Donc pour me faire pardonner ces errements coupables, je me
suis fendu d’un billet pour acheter la version Deluxe (bof) 4CD (sièges en cuir et enceintes Blue tooth) de
la compilation posthume : An American Treasure consacrée au
grand homme, et je viens ici chez Jimmy en faire profiter le vil
peuple ! Je ne vais pas vous faire la description par le menu des soixante-trois titres qui composent ce coffret mais simplement vous dire qu’il retrace les
quatre décennies de carrière de Tom Petty : 70’s, 80’s, 90’s, 00’s par le biais d’un
assemblage chronologique amoureux de versions live, alternates et inédits des morceaux plus intimes de l’immense répertoire de Tom. L’ordonnancement astucieux des morceaux permet d’esquiver le
coté fastidieux ou remplissage de l’exercice et laisse observer dans sa
chronologie la maturation intelligente
du songwriting de Tom Petty. (Arrête ces
conneries, Duke, tu te prends pour Ungemuth ou quoi !) Ce coffret conviendra
tant aux fans les plus extrêmes qu’aux néophytes émerveillés dont je fais
partie. Il a été supervisé par la femme et la fille ainée de Tom
Petty sous la baguette des curateurs artistiques que sont les fidèles
frères d’armes Mike Campbell, Benmont Tench et Ryan Ulyate qui enregistra et coproduit Petty sur la fin de sa carrière. Une véritable
affaire de famille et de sentiments en
hommage à l’un des musiciens les plus cool et talentueux de sa génération. Si vous prêtez une oreille attentive vous pourrez entendre
riffer Chuck Berry, carilloner les Byrds, ou les harmonies
vocales des Everly Brothers, poindre des soli de guitare inspirés du
fantôme de Mick Taylor et de James
Burton ou le lyrisme d’un Neil Young. Vous entendrez le "King",
Dylan
et Brian Wilson, toutes les influences qui ont forgé intimement
l’âme de Tom Petty pour en faire un trésor de la musique américaine. Tel un Buddy
Holly moderne sorti miraculeusement
indemne de son crash. Warren Zanes (Del fuegos), le biographe autorisé de
Tom
Petty, aura retenu de ses entretiens avec Tom à Malibu que celui-ci lui
servait toujours un excellent café. Lorsqu’il le lui fit remarquer, Tom fut
vraiment touché et lui révéla que son secret de fabrication provenait de la
machine professionnelle Bunn qu’il utilisait couplée au meilleurs crus de chez Maxwell (ce n’est pas la peine
d’en rajouter). Un peu comme la musique
qu’il façonnait amoureusement. Au pays de la lavasse et des Starbucks,
n’est-ce pas là un gage de classe indéniable pour ce sudiste élégant, hélas tant prophète en son pays qu’il demeure
mésestimé en Europe.
THE DUKE [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]
CD1 :
01 - Surrender [Outtake, 1976]
02 - Listen To Her Heart [Live At The Record Plant, Sausalito, CA, 4.23.77]
03 - Anything That's Rock'n'roll [Live At Capitol Studios, Hollywood, CA, 11.11.77]
04 - When The Time Comes [2018 Remaster]
05 - You're Gonna Get It [Alternate Version, 1978]
06 - Radio Promotion Spot [1977]
07 - Rockin' Around (With You) [2018 Remaster]
08 - Fooled Again (I Don't Like It) [Alternate Version, 1976]
09 - Breakdown [Live At Capitol Studios, Hollywood, CA, 11.11.77]
10 - The Wild One, Forever [2018 Remaster]
11 - No Second Thoughts [2018 Remaster]
12 - Here Comes My Girl [Alternate Version, 1979]
13 - What Are You Doing In My Life [Alternate Version, 1979]
14 - Louisiana Rain [Alternate Version, 1979]
15 - Lost In Your Eyes [Outtake, 1974]
CD2 :
01 - Keep A Little Soul [Outtake, 1982]
02 - Even The Losers [Live At Rochester Community War Memorial, Rochester, NY, 9.9.89]
03 - Keeping Me Alive [Outtake, 1982]
04 - Don't Treat Me Like A Stranger [2018 Remaster]
05 - The Apartment Song [Demo, 1984]
06 - Concert Intro [Live At The Forum, Inglewood, CA, 6.28.81]
07 - Kings Road [Live At The Forum, Inglewood, CA, 6.28.81]
08 - Clear the Aisles [Live At The Forum, Inglewood, CA, 6.28.81]
09 - A Woman In Love (It's Not Me) [Live At The Forum, Inglewood, CA, 6.28.81]
10 - Straight Into Darkness [Alternate Version, 1982]
11 - You Can Still Change Your Mind [2018 Remaster]
12 - Rebels [Alternate Version, 1985]
13 - Deliver Me [Alternate Version, 1982]
14 - Alright For Now [2018 Remaster]
15 - The Damage You've Done [Alternate Version, 1987]
16 - The Best Of Everything [Alternate Version, 1985]
17 - Walkin' From The Fire [Outtake, 1984]
18 - King Of The Hill [Early Take, 1987]
CD3 :
01 - I Won't Back Down [Live At The Fillmore, San Francisco, CA, 2.4.87]
02 - Gainesville [Outtake, 1998]
03 - You And I Will Meet Again [2018 Remaster]
04 - Into The Great Wide Open [Live At Oakland-Alameda County Coliseum, Oakland, CA, 11.24.91]
05 - Two Gunslingers [Live At The Beacon Theatre, New York, NY, 5.25.13]
06 - Lonesome Dave [Outtake, 1993]
07 - To Find A Friend [2018 Remaster]
08 - Crawling Back To You [2018 Remaster]
09 - Wake Up Time [Alternate Take, 1992]
10 - Grew Up Fast [2018 Remaster]
11 - I Don't Belong [Outtake, 1998]
12 - Accused Of Love [2018 Remaster]
13 - Lonesome Sundown [2018 Remaster]
14 - Don't Fade On Me [Alternate Take, 1994]
15 - You And Me [Clubhouse Version, 2007]
16 - Have Love Will Travel [2018 Remaster]
17 - Money Becomes King [2018 Remaster]
18 - Bus To Tampa Bay [Outtake, 2011]
19 - Saving Grace [Live At Malibu Performing Arts Center, Malibu, CA, 7.26.06]
20 - Down South [2018 Remaster]
CD4 :
01 - Southern Accents [Live At Stephen C. O'Connell Center, Gainesville, FL, 9.21.06]
02 - Insider [Live At Stephen C. O'Connell Center, Gainesville, FL, 9.21.06]
03 - Two Men Talking [Outtake, 2012]
04 - Fault Lines [2018 Remaster]
05 - Sins Of My Youth [Early Take, 2012]
06 - Good Enough [Alternate Version, 2012]
07 - Something Good Coming [2018 Remaster]
08 - Save Your Water [2018 Remaster]
09 - Like A Diamond [Alternate Version, 2002]
10 - Hungry No More (Live At House Of Blues, Boston, MA, 6.15.16]
MP3 (320 kbps) + artwork