
La bien pénible affaire se
confirme (si besoin en était) : les dieux se fichent ostensiblement de nos
mignonnes petites tronches ! Je vous pose la question : depuis
combien d’années n’avions-nous pas vu un début de printemps aussi
resplendissant ? Las ! la majorité de la population se retrouve claquemurée
suite aux circonstances que vous connaissez… James Hunter et ses potes se
gaussent du délirant boxon ambiant : les zigomars, eux, sont volontairement
confinés depuis des lustres dans une douce bulle spatio-temporelle où ils
jouent de la cool music : cette soul de la fin des années cinquante qui
connaissaient à peine son nom et qui piochait allègrement dans le rhythm’n’blues
le plus suave comme dans le doo-wop ou les délicieuses fragrances cubaines. On
peut difficilement évoquer la nostalgie, puisque nos charmants drilles n’étaient
même pas nés à cette joyeuse époque. M’est avis que dans sa jeunesse le James a
dû farfouiller quelques heures dans la précieuse collection de pépites d’un
tonton modernist. Le comble du
miracle, c’est que cette sublime entreprise ne respire jamais le vilain
décalque, la poussière qui colle aux esgourdes ou la nauséabonde naphtaline,
mais seulement le bonheur ! Et il y a un comble du comble – si fait
messieurs dames ! Je me fais berner à chaque nouvel album (honte sur moi !
mais dans notre ère glauque où les synthétiseurs asthmatiques, les boîtes à
rythmes claudicantes et les samples trop
faciles semblent s’être emparés du pouvoir, il devient difficile de se laisser
bercer par la grâce sans appréhension) : après deux ou trois titres, je ne peux
m’empêcher de me demander si chaque détail n’est pas trop parfaitement soigné pour
que cela ne finisse par devenir lisse et sans âme. Je t’en ficherais ! Nos
braves blancs becs sont si merveilleusement doués qu’ils franchissent les
obstacles les plus sorciers comme à la parade ! Les récalcitrants (j’ai
les noms bien rangés dans un joli dossier !) n’hésiteront pas à ronchonner,
arguant que le sextet enregistre toujours plus ou moins le même disque, qu’il
aurait peut-être besoin d’un producteur plus aventureux qui les entraînerait vers
d’autres rivages. Et la fidélité, la passion pour un idiome, sont-ce des
notions qui vous évoquent quelque chose ? Quand on a déniché la femme de sa
vie, la fameuse âme sœur, quel besoin d’aller folâtrer avec la première pimbêche
venue ? Le James Hunter Quartet n’a ni envie ni besoin d’un hurluberlu qui
scratche derrière son dos pas plus que d’un joueur de cornemuse ou de balafon !
Certains auraient la plus belle fille du monde devant leurs yeux qu’ils lui
demanderaient encore de se teindre les cheveux en rose ou de se faire gonfler
les rotoplos à la silicone de peur de s’ennuyer ! Ce Nick of time (je vous laisse savourer le brillant jeu de mots),
effectivement fort similaire à ces prédécesseurs, ne peut offrir que ce qu’il a
(et qu’il aime avoir (sacrée nuance)), et je ne peux être que sincèrement attristé
pour les gorets qui sont lassent de se pourlécher de caviar ! Pendant le
temps qu’il dure, il a jeté sa poussière d’étoiles sur tout mon être, et je n’ai
pas pensé une seule seconde à l’affreuse situation actuelle – il me semble que
cela pourrait présager de sa qualité.
Jimmy JIMI [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]
01 - I Can Change Your Mind
02 - Who's Fooling Who
03 - Till I Hear It From You
04 - Never
05 - Missing In Action
06 - Nick Of Time
07 - Brother Or Other
08 - Ain't Goin' Up In One Of Those Things
09 - Take It As You Find It
10 - Can't Help Myself
11 - How 'Bout Now
12 - Paradise For One
13 - He's Your Could've Been
MP3 (320 kbps) + front cover